« LE BLEU est la couleur de notre planète. Le bleu est la couleur de l’eau. Le bleu est la couleur du ciel. Le bleu, c’est l’obscurité qui devient visible. Le bleu n’a pas de dimensions. Il est hors de dimensions, tandis que les autres couleurs, elles, en ont. Ce sont des espaces psychologiques. Le rouge, par exemple, présuppose un foyer dégageant de la chaleur. Toutes les couleurs amènent des associations d’idées concrètes, matérielles ou tangibles d’une manière psychologique, tandis que le bleu rappelle tout au plus la mer et le ciel, ce qu’il y a après tout de plus abstrait dans la nature tangible et visible. »
Entre 1954 et 1962, date de sa mort à l’âge de 34 ans, Yves Klein réalise une œuvre flamboyante qui fait de lui l’un des plus grands artistes français de la seconde moitié du XXe siècle.
Dans sa quête d’immatérialité et d’infini, Yves Klein adopte le bleu outremer comme véhicule. De ses monochromes au vide jusqu’à l’emploi des éléments de la nature afin de manifester leur force créatrice, il a conçu une œuvre qui traverse les frontières de l’art conceptuel, corporel et du happening.
Une bonne manière de découvrir la vie de l’artiste
Il n’est pas facile de traduire l’univers d’un artiste, l’originalité de sa création. C’est, selon moi, un pari réussi pour Julian Voloj et Wagner William qui ont réussi à m’immerger dans l’univers de cet artiste inclassable.
Avec un très beau travail de mise en page, jouant sur des planches en noir et blanc et quelques touches de couleur monochromes, ainsi qu’une bonne connaissance du travail d’Yves Klein, les auteurs nous proposent une belle biographie de la courte vie de l’artiste. Ses expérimentations et certaines de ses œuvres sont mêmes évoquées grâce aux subtils choix graphiques.
Si des épisodes entiers de la vie de l’artiste sont survolés ou passés sous silence, et que cet album n’apprendra rien de nouveau à ceux qui le connaissent déjà bien, c’est une bonne façon d’entrer dans l’univers complexe d’Yves Klein, cet électron libre qui a créé une nouvelle forme d’art, avec notamment son exposition « du vide », l’expérience des pinceaux humains ou son bleu IKB, dans une quête constante pour capter l’immatériel. Le travail de l’artiste autour de ses monochromes et de sa volonté créer cette nuance de bleu aujourd’hui mondialement connue, l’International Klein Blue (IKB), occupe une grande partie de l’album.
Il sera, néanmoins, trop complexe pour un jeune public et est destiné plutôt à des adultes ayant déjà quelques connaissances sur l’art.
L’album est complété par une chronologie détaillée illustrée de photographies retraçant les grandes étapes de la vie et de l’œuvre de l’artiste, et apportant des explications aux éléments évoqués dans la bande dessinée.