La géographie régionale aux concours

Les manuels dédiés à la question de concours sur l’Asie du Sud-Est sont relativement nombreux depuis l’été dernier. Celui publié par les éditions Ellipses est principalement destiné aux étudiants. Il est l’oeuvre de deux directeurs d’ouvrage, Céline Pierdet (maître de conférence à l’Université de Technologique de Compiègne) et Eric Sarraute (PRAG à l’Université de Bordeaux), accompagnée par 24 auteurs. On y retrouve plusieurs auteurs de chapitres qui ont déjà écrits dans d’autres manuels dédiés à cette question (Edouard de Bélizal sur l’Indonésie, Eric Mottet sur les transports, Eric Frécon sur piraterie, Emmanuel Jaurand sur le tourisme, Yves Boquet sur les Philippines, Marion Sabrié sur la Birmanie). Sur le modèle des manuels pour les classes préparatoires, celui-ci est une suite de fiches thématiques. La plupart des chapitres sont organisés en trois grandes parties, reprenant ainsi les canons de la dissertation pour les concours de l’enseignement. Des mots-clés sont définis dans le chapeau du chapitre. La fin du livre écrite par 4 auteurs est un essai d’analyse et de transposition didactique et méthodologique.

Dans son introduction, Céline Pierdet présente la région à travers des références cinématographiques et littéraires. D’Apocalypse Now (1979) de Francis F. Coppola à The Lady (2011) de Luc Besson, les grands classiques permettent au candidat de se familiariser avec la question. Certains Etats sont particulièrement mis en avant au détriment de d’autres : les références sur la Thaïlande, la Malaisie, l’Indonésie ou les Philippines sont absentes.

Sa couverture insiste sur la dimension culturelle et touristique de cette région. Ce photomontage représente un paysage de la baie de Phang Nga, au Nord-Est de Phuket dans le Sud-Ouest de la Thaïlande. La présence du rocher de l’île de James Bond en plein centre rappelle que le tourisme occupe actuellement une place centrale dans les questions de concours de l’enseignement (« l’Asie du Sud-Est » + « les espaces du tourisme et des loisirs »).

Parmi les passages les plus pertinents pour les candidats, mentionnons l’encart de Frédéric Durand-Dastès sur les conséquences du cyclone Nargis en Birmanie en 2008 (p. 37), l’excellent chapitre d’Edouard de Bélizal faisant le point sur les dynamiques de cohésion et de fragmentation du monde malais dans l’Asie du Sud-Est insulaire (chapitre 4), la piraterie par Eric Frécon (chapitre 20), les villes-doublons frontalières par Marion Sabrié (chapitre 25), la place de la région dans la mondialisation touristique par Emmanuel Jaurand (chapitre 28) ou l’encart sur l’explosion du tourisme dans les îles Cham au Vietnam par Steve Diry (p. 492).

Comme dans de nombreux manuels préparant les questions au concours, des erreurs sont lisibles. Jean Demangeot a tendance à changer de prénom à plusieurs reprises (Albert Demangeot ou Demangeon ?). La partie méthodologique est particulièrement truffée d’imprécisions et d’erreurs. Le souci de proposer une partie dans un manuel est louable mais la réalisation n’est pas à la hauteur du reste du manuel. Des mots sont parfois absents (p. 504), des figurés erronés (p. 505), des majuscules parfois en trop (p. 498), parfois absentes (p. 500), des noms sont tronqués (« Maya Bae », p. 524), la ponctuation parfois absente (p. 499) que ce soit des virgules (p. 506) ou même des points (p. 507). Conseiller aux candidats de tracer un hexagone pour schématiser la France est plutôt osé dans l’optique d’un concours (p. 499). A la page 501, puis à nouveau à la page 513, Singapour, la péninsule malaise et Sumatra sont cartographiés en oubliant l’environnement régional, donnant l’impression d’avoir à faire face à des « objets insulaires non-identifiés ». Une métropole n’a pas forcément, contrairement à ce qui est dit à la page 503, un nombre d’habitants supérieur à une ville moyenne. Les fonctions métropolitaines se sont pas uniquement déterminées par la démographie. Pour cette dernière partie méthodologique, au rayon des satisfactions, le chapitre 3 se révèle à la fois original, précis et pertinent (par Cécile Gendron et Julie Picard). Elles proposent et analysent un commentaire de documents sur les ressources et les usages de l’eau. Un corrigé par étape de l’introduction est habilement proposé pour que les candidats comprennent les réflexes à avoir dans ce type d’exercice.

Pour ceux qui hésitent à se procurer le livre, saluons l’initiative d’Ellipses de proposer gratuitement en ligne la lecture d’une partie du chapitre 24 rédigé par Frédéric Durand.

Concernant la réalisation du livre en lui-même, la petite taille de la police d’écriture peut poser des problèmes aux lecteurs ayant des problèmes de vue.

En conclusion, ce manuel un peu plus cher que les autres manuels sur l’Asie du Sud-Est (29 €) est un complément utile pour les candidats au concours. Ce livre à la fois dense et où se côtoient des chapitres de qualité inégale selon les auteurs, a le mérite de couvrir à peu près tous les thèmes de la région. Il pourra éventuellement être utile aux enseignants désirant un aperçu ponctuel sur un thème en Asie du Sud-Est.

Pour aller plus loin :

  • Présentation de l’éditeur -> Lien

Antoine BARONNET @ Clionautes