Normalien et membre de l’Ecole française de Rome, agrégé et docteur en histoire, le professeur Laurent Feller est spécialiste d’histoire économique et sociale. L’universitaire vient d’écrire un ouvrage paru aux éditions Perrin, lequel retrace la mort de Charles Le Bon le 2 mars 1127.
L’assassinat du Comte de Flandre eut un formidable retentissement. L’étude de Laurent Feller permet de revenir sur cette époque à bien des égards fascinante. Pis, cet ouvrage révèle avec force détails les mœurs et les rites de la chevalerie, l’inexorable montée en puissance d’une nouvelle et ambitieuse classe sociale – i.e. la bourgeoisie -, la pratique du pouvoir royal et l’extrême importance de la religion.
Charles de Danemark était le fils du roi du Danemark Knut IV et d’Adèle de Flandre. Il est né vers 1084. Particulièrement pieux, il prit part à une croisade en 1096, puis il devint un proche conseiller du comte Beaudouin VII, lequel était également son cousin. En 1119, Charles remplaça Beaudouin qui mourut des suites d’une blessure.
Contestée, cette succession le fut avec le plus vif acharnement par toute une kyrielle de seigneurs, mais Charles vint à bout de ses rivaux. Le sort des armes lui fut en effet souvent favorable. Son mariage lui permit par ailleurs de récupérer l’Amiénois. Durant son règne, le monarque parvint à se forger une réputation de grande vertu et de générosité envers les pauvres, ce qui lui valut son honorable surnom « Le Bon ».
Lors du très rude hiver de 1126-1127, Charles Le Bon s’efforça de remédier à la famine sévissant en Flandre. Pour ce faire, il ordonna le plafonnement des prix des denrées alimentaires. Il exigea en outre la plantation de céréales plus fécondes que le blé (comme les pois et les fèves). Il organisa en outre la distribution de subsistances et d’argent afin de secourir et sauver le plus possible d’individus.
Comme l’indique le professeur Laurent Feller dans cette très belle étude, Charles Iier de Flandre fut toutefois sauvagement assassiné, alors qu’il se recueillait dans l’église Saint-Donatien de Bruges, lieu sacré par excellence. Une équipe particulièrement efficace d’hommes de main, un véritable « commando », fit irruption et le poignarda par derrière. A l’origine de ce crime, un certain nombre de proches du monarque qui entendaient le remplacer…