L’ouvrage s’ouvre sur de courts témoignages accompagnés de photographies qui évoquent la vallée de la Romanche, le val de Livet encaissé entre les massifs du Taillefer et de Belledonne (carte p. 14-15).
Un espace qui s’ouvre à Rochetaillée, trace de la dernière glaciation et très marqué par la présence de l’eau qui a contribué à l’histoire de cette vallée. Le livre est un hymne entre textes et photographies, documents d’archives et vues actuelles, en courts tableaux. Le lecteur va suivre à la fois la rivière et son histoire.
La Romanche est d’abord un torrent qu’il fut nécessaire de dompter pour s’en protéger (juguler la rage des flots, p. 27) et une ressource énergétique de 1er plan à partir de 1898, une véritable aventure industrielle.
Chaque affluent (la Vaudaine, l’Infernet) est capté dans d’énormes conduites pour être turbiné en fond de vallée, avant que la Romanche elle-même soit équipée (barrage du Chambon -1938, centrale souterraine de Gavet).
Si la route de l’eau est bien décrite, la route des hommes n’est pas oubliée, qui chemine, non sans difficultés, depuis l’antiquité (la petite route de Grenoble à Briançon).
Un tableau est consacré au village de Livet entre éclairage urbain de Grenoble (1902) et usine d’obus pendant la première guerre mondiale. A noter la politique paternaliste de la famille Keller et la maison directoriale très visible en surplomb de la Romanche (photographie p 46-47). Une place est faite à la description du patrimoine architectural des centrales électriques.
Des besoins du premier conflit est née la centrale des Vernes, « fleuron des réalisations Keller, aujourd’hui monument historique, mis en valeur par de belles photographies.
La vallée est dans ce premier XXe siècle comme un étendard du dynamisme industriel avec les grands fabricants grenoblois de matériel électrique : Neyrpic, Merlin-Gerin.
Après les Roberts, Rioupéroux, du village à la ville, c’est l’histoire d’une évolution des hauts-fourneaux aux bois des versants (1821) à la papeterie (Neyret 1864) puis à l’aluminium (Péchiney, 1925). Une ville où s’emploient les paysans des hauteurs puis la main-d’œuvre immigrée : Italiens, Grecs de Rhôdes, prisonniers de guerre allemands, gens du Maghreb…
Enfin là où la vallée s’ouvre vers la plaine, Gavet : hydroélectricité, usines, cités ouvrières et aujourd’hui fabrication du silicium.
Un petit ouvrage qui donne à voir l’aventure industrielle d’une vallée alpine.