Ce livre fait partie des nombreux ouvrages parus à l’occasion de la coupe du monde au Qatar en décembre 2022. Comme certains d’entre eux, ce livre raconte les histoires derrière la grande Histoire de cette compétition bientôt centenaire dans sa version FIFA. Comme certains autres, cet opus montre les aspects politiques, sociaux, économiques voire géopolitiques de cette épreuve.

Les particularités de cet ouvrage viennent à la fois de la forme qu’il prend et de son auteur. Ce dernier, François Thébaud est un journaliste qui a publié dans un journal aujourd’hui disparu, Le miroir du football, journal communiste à l’opposé politique de la ligne éditoriale de L’équipe ou de France Football, assumant pleinement cette orientation idéologique. La forme, c’est celle d’un journal personnel qui retrace les pensées de son auteur. Presque aucune mise en forme, juste des phrases brutes qui tombent les unes après les autres, dans une grande cohérence idéologique.

Cet ouvrage nous livre une vision personnelle de l’auteur sur le grand cirque qu’est cette compétition. Il porte un regard acerbe sur son organisation, la corruption progressive du football par l’argent et les médias. Ce qui le marque le plus, c’est le manque d’égalité dans la répartition de la compétition entre l’Europe et le reste du monde, le manque d’équité des compétitions par la manipulation de l’arbitrage par le pays ou le continent organisateur… en bref, le non-respect de l’égalité des chances…

François Thébaud est aussi un admirateur du jeu. La Hongrie de Puskas, les Pays-Bas de Cruyff, la détestation du catenaccio italien, des coupes du monde aux moyennes de buts inférieures… Les marqueurs idéologiques se retrouvent dans cette exaltation de l’esprit collectif, du jeu d’équipe, la critique de l’individualisation et de la starification que la télédiffusion amène progressivement.

Enfin, ce livre veut faire une analyse des relations géopolitiques qu’impose une telle épreuve sportive. Chacune des étapes de cette histoire est décortiquée à l’aune des relations diplomatiques mondiales. Dans un état d’esprit qui est clairement influencé par la Guerre froide et les tensions inhérentes.

Pour conclure, ce livre est une manière d’aborder l’Histoire de la coupe du monde intéressante car il offre une réflexion assez inédite et cohérente. Cela nécessitera néanmoins une certaine connaissance à la fois du jeu et du contexte historique de chaque époque pour essayer de neutraliser le point de vue politique assumé de l’auteur. Mais c’est là un passage obligatoire, étant donnée la nature du texte publié.

De plus, la profusion des images qui accompagne les textes est forte intéressante, mais il n’y aucune référence les accompagnant, ce qui aurait été utile pour gagner encore en profondeur.

Mais c’est là la volonté des éditeurs : respecter le texte brut, y compris jusqu’aux notes de bas de page qui sont celles de l’essai d’origine.

Présentation du livre sur le site de l’éditeur

« Ce livre est à la croisée de trois histoires : celle de la Coupe du monde de football à travers tout le 20e siècle, mais aussi celles d’un journal, Le Miroir du football, et de son rédacteur en chef, François Thébaud. Ce dernier et l’équipe du Miroir furent au cœur de l’occupation de la Fédération française de football (FFF) en Mai 68, avec la célèbre banderole «Le football aux footballeurs» ou, quelques années plus tard, de la création du Mouvement football progrès (MFP).
C’est dans ce contexte qu’avant la Coupe du monde de 1994, François Thébaud écrivit un essai sur les différentes Coupes du monde depuis 1904. Sans doute en application de l’hypocrite principe selon lequel «le sport est apolitique», François Thébaud ne put publier son livre avant sa mort. Le voici enfin édité.

De «Montevideo l’Européenne» à «La Copa del Duce», en passant par « Un sursis pour Videla » ou «L’arrivée de l’Afrique et l’Asie», les 16 chapitres qui vont de l’édition de 1930 à celle de 1994 allient football et contexte populaire et politique. Dans le dernier chapitre, «Un avenir programmé», l’auteur revient sur la nationalisme, la lente décolonisation du football, la puissance de la télévision, la fortune de la FIFA, le pouvoir de l’argent… »

Présentation de l’auteur ICI