S’il est une chose à regretter, c’est que les Clionautes soient passés à côté du Belge jusque là. Il y a peut-être des choses plus essentielles, concédons-le, mais l’occasion est trop belle pour se jeter sur les trois précédents volumes.

Dans celui-ci, Gérard Lambert va dans le futur. C’est écrit dans le titre, donc prévisible : rien que de tout à fait normal. Un orage l’oblige, sa famille et lui, à s’abriter dans une roulotte presque vide. Derrière un rideau, un couloir ; tout au bout du couloir, une machine. Elle servirait à voyager dans le temps. Et voilà Gérard Lambert largué en 2048 dans EuroCity. Vous ne connaissez pas ? C’est le nom de Bruxelles, et celui de l’enclave totalement européenne. Elle est protégée par des murs qui la sépare d’un côté de la République populaire de Wallonie, très prospère, et de l’autre de ce qu’il reste des Flandres. C’est que celle-ci a été presque totalement submergée par la montée du niveau de la mer : à force de parler du réchauffement climatique, cela devait bien arriver. Ah, au fait : la Belgique n’existe plus. Il y a bien quelques Belgicains et Rebelgicains (c’est la même chose), nostalgiques de l’union qui faisait la force, mais bien organisés.

Au passage, Gérard (drôle de prénom…) Lambert fait connaissance avec une civilisation totalement connectée. Tout le monde porte un casque qui permet d’avoir des informations en permanence ; tout le monde est surveillé étroitement, surtout depuis que l’ADN est obligatoirement scanné. Bienvenue dans le cyber-monde… Gérard Lambert cherche à retrouver sa famille, à Gembloux, donc en Wallonie. Pour cela, il va falloir sortir des griffes de la police et passer le mur de sécurité : pas simple…

Toute similitude avec d’autres régions du monde, notamment au Proche-Orient, n’est pas tout à fait fortuite. Et avec les différentes versions de Retour vers le futur également…

Avec beaucoup d’humour, Edgar Kosma et Pierre Lecrenier nous amènent dans un futur finalement assez proche : vingt ans, ce n’est pas grand chose. Cela leur permet d’envisager une évolution qui repose sur des bases réelles. La menace d’une montée des eaux marines n’est plus une idée farfelue ; les personnages politiques (de Wever, Raoul Hedebouw, Olivier Maingain) existent bien, tout comme les velléités régionalistes et l’impuissance des institutions… Et il y aura des élections fédérales en mai 2019.

Évidemment, ce quatrième volume contient la dose d’humour et d’absurdité qui caractérise la série : juste ce qu’il faut pour prendre du recul face à la gravité de ce qui est relaté ici. Mais il est des rires jaunes…


Frédéric Stévenot, pour Les Clionautes