Aujourd’hui, Joseph Weismann a 90 ans et il est un des seuls rescapés de la Rafle du Vel’d’Hiv.

Joseph Weismann est un Juif de Pologne qui vivait, avec sa famille, en France, sous le régime de Vichy. Le 16 juillet 1942, il sont tous arrêtés. Il est conduit au Vélodrome d’hiver, avant d’être transféré au camp de Beaune-la-Rolande, dans le Loiret, tandis que le reste de sa famille est conduit à Auschwitz pour y mourir.

Aujourd’hui, Joseph Weismann a 90 ans et il est un des seuls rescapés de la Rafle du Vel’d’Hiv. Il s’est longtemps refusé à témoigner sur cette période jusqu’à sa rencontre avec Simone Veil, rescapée également de la Shoah, lors d’un colloque à Orléans en 1996. Simone Veil lui dit alors : « Monsieur Weismann, vous avez un devoir de mémoire à accomplir ». Suite à cet échange, il commença alors à réfléchir sur ce devoir de mémoire et décida d’y consacrer le reste de sa vie. Pendant près de 40 ans, il est intervenu dans les collèges et les lycées. Il a également contribué au film La Rafle, sorti en 2010. Il est l’auteur du livre Après la Rafle, paru en 2011, où il raconte sa fuite du camp de Beaune-la-Rolande avec son ami Jo Kogan.

Cette bande-dessinée, qui m’évoque plus un roman graphique, est écrite par Arnaud Delalande et illustrée par Laurent Bidot. Elle a pour but la transmission de la mémoire du génocide juif auprès du public le plus large possible, et notamment auprès des jeunes.

La Rafle

L’histoire commence en 1965, quand Joseph Kogan, installé aux Etats-Unis, retrouve la trace de Joseph Weismann. Ce dernier, à l’occasion d’un voyage professionnel, part l’y retrouver. Lors du voyage en avion, il se remémore les terribles circonstances de leur rencontre.

1940. Le jeune Joseph n’a que 11 ans mais pressent le danger qui pèse sur lui. Il vit alors à Montmartre, et raconte les restrictions grandissantes et l’angoisse que subissent les populations juives : l’exposition sur les juifs, sa mère qui coud l’étoile jaune sur sa veste, la volonté de ne pas se faire remarquer … jusqu’aux coups frappés à sa porte le 16 juillet 1942. S’ensuit alors le départ pour le Vel’d’Hiv où lui, sa famille et plus de 13.000 personnes, restent enfermés pendant cinq jours et cinq nuits, sans nourriture, sans eau, sans hygiène et dans l’incertitude la plus totale quant au sort qui leur sera réservé.

Jo et sa famille sont ensuite transférés au camp de transit de Beaune-la-Rolande, dans des wagons à bestiaux, entassés les uns sur les autres dans une chaleur étouffante. Arrivé au camp, la famille est séparée du père. Cette détention dure une quinzaine de jours, avant que les membres de sa famille et les adultes soient envoyés dans le tristement célèbre camp d’Auschwitz, en Pologne. Dès leur arrivée, tous sont gazés et brûlés.

L’évasion

Dans des conditions de détention proprement inhumaine, Jo rencontre Joseph Kogan, avec qui il met au point un ingénieux plan d’évasion. A seulement 12 ans, malgré la faim, la fatigue et le désespoir ambiant, ces deux enfants parviennent à tromper la vigilance des gardes et rampent pendant plusieurs heures sous quinze mètres de fils barbelés. Après la sortie du camp, les deux garçons parviennent à rentrer à Paris, avec l’aide de personnes courageuses et de bonne volonté. Ce retour et la séparation poignante des deux Jo n’est que le début d’une nouvelle étape.

La difficile reconstruction

Lors de leurs retrouvailles à New York, Jo raconte comment il a vécu la fin de la guerre et les difficultés à reconstruire sa vie. Placé dans un orphelinat et dans des familles d’accueil en France jusqu’à la Libération, Jo réalise peu à peu qu’il a perdu sa famille et que ses proches n’ont pas survécu à l’enfer d’Auschwitz. Il raconte son combat pour être reconnu comme un citoyen français, malgré les terribles épreuves déjà vécues. C’est grâce à la générosité d’une famille juive du Mans que Joseph parvient à se reconstruire. Ces commerçants lui offrent un foyer et un métier, lui permettant d’acquérir une bonne situation professionnelle et de fonder une famille.

Le devoir de mémoire

2019. Jo témoigne devant des lycéens. Il raconte comment Simone Veil l’a sorti du silence et l’a conduit à réaliser qu’il était de son devoir de raconter son histoire et de faire vivre la mémoire de la Shoah. Il continue aujourd’hui, malgré son grand âge, à poursuivre ce devoir de mémoire et à lutter contre la haine, l’intolérance et la guerre, afin que l’horreur ne se reproduise pas. La bande-dessinée se conclut sur cette phrase : « il ne faut pas accepter l’inacceptable » et sur l’image poignante de l’arrivée de sa famille à Auschwitz.

Conclusion

Cette BD, ainsi que la préface de Joseph Weismann, sont bouleversantes. Cette adaptation illustrée de la vie de Joseph est poignante. Les illustrations, très simples, sont un véritable atout pour diffuser le message du rescapé et faire vivre la mémoire du génocide juif. Par sa simplicité, elle permet, je pense, une large diffusion de cette mémoire auprès des collégiens et des lycéens. Des extraits, de même que la préface, peuvent être facilement utilisés en classes de Troisième et de Terminale, voire même en spécialité HGGSP, en marge du thème sur les mémoires. Une excellente lecture que je recommande sans réserve.