Voilà un atlas qui ne manque pas d’ambition si on en croit la quatrième de couverture : « Cet ouvrage, sans équivalent, est l’outil de référence indispensable à tous ceux qui veulent connaître les constantes historiques et ethniques qui fondent la géopolitique de l’Afrique, ou plus exactement des Afriques, et sans la connaissance desquelles tout ce qui est dit ou écrit sur ce continent relève de l’artificialité». Mais le lecteur, un peu informé, en découvre très vite les limites. La construction de l’ouvrage est simple : une première partie générale puis six grandes parties chronologiques regroupant des doubles pages avec à gauche un texte, à droite une carte1, de facture extrêmement simple, rien de bien particulier donc.

La terre et les hommes

Après une introduction sur les frontières, la double page suivante associe le temps long (texte) et une carte physique entre désert et forêt. Puis se succèdent eau et végétation, langues et populations, complémentarité Afrique du Nord -Sahel, dualisme religieux, défi démographique.

Des origines à la conquête arabe

Des premiers hominidés à la mise en place du peuplement, rien de bien nouveau, les références bibliographiques datent un peu et les textes sont surtout une succession de dates qui ne disent pas grand-chose. On commence à percevoir les limites de l’ouvrage, citons par exemple en page 60 à propos de l’Égypte pharaonique : « Ce dernier [Amenhotep Ier] étant mort sans héritier, la couronne passa à un noble thébain (?) qui régna sous le nom… » ; une perception purement événementielle de l’histoire. Plus grave les incertitudes ou les débats ne sont pas mentionnés mais les informations sont assénées comme des vérités : « Au point de vue physique les Égyptiens anciens étaient des « Blancs » de type méditerranéen. ». (p.66).

Les parties suivantes traitent de De la conquête arabe à la découverte portugaise (VIIe – XVe siècle, De la découverte portugaise à la veille de la colonisation, La période coloniale, La décolonisation, La période contemporaine.

Cet ouvrage qui se présente comme indispensable est au mieux un aide-mémoire associé à des cartes de localisation, mais n’est pas un « bilan des connaissances historiques autour du continent africain » (4e de couverture) ne saurait être un outil de compréhension de la géopolitique « à travers les permanences et les ruptures qui expliquent les crises actuelles et qui permettent d’annoncer celles de demain »(4e de couverture).

En effet on y trouve des textes qui présentent une vision très factuelle de l’histoire comme par exemple La révolte des Herero (p. 268) ou la guerre du Rif (282-284). Pour la décolonisation l’impasse sur Madagascar en 1947 pose question, rien sur les décolonisations négociées ni d’ailleurs sur le cas du Congo belge.

Pour la période contemporaine : la conflictualité depuis 1960 est traité dans le texte jusqu’en 1990 quand la carte traite de la conflictualité 2000-2010. Les conflits récents sont expliqués par les causes inter-ethniques ce qui est très réducteur, la crise du Kivu est selon l’auteur un phénomène régional (P. 318-319) ce qui risque d’empêcher toute compréhension de la situation et montre une méconnaissance totale de la réalité (implication des groupes armés rwandais, ougandais sur le territoire de la RDC).

Les termes même employés par exemple pour décrire la crise islamique algérienne 1992-2000 appartiennent au registre journalistique pas à ceux employés par les historiens. Le traitement des printemps arabes en une seule double page paraît un traitement bien léger pour prétendre annoncer les crises « de demain ». D’autre part on note des oublis plus que fâcheux qu’on ne saurait mettre au compte d’un simple oubli : carte de la Libye p. 335 qui ne mentionne pas les zones sous contrôle du gouvernement d’Union national même s’il est faible ; les crises au Niger sans la question de l’uranium et la présence d’Areva.
L’
étude de chaque crise se résume à une série de dates sans analyse, les causes avancées sont ethniques, éventuellement des traces de la période coloniale mais une impasse totale sur les causes économiques et sociales (Soudan, République centrafricaine…).

Quant à bibliographie, des références plutôt anciennes et l’auteur qui a pourtant été maître de conférence à l’Université Lyon III semble en ignorer le b,a-ba : pas d’éditeur, pas d’auteur quand la référence renvoie à un chapitre d’un ouvrage. Enfin l’auto référencement des ouvrages de l’auteur est d’autant plus gênant que la plupart sont édités « chez l’auteur ».

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