Repérées au récent Salon du livre des sciences humaines, les jeunes éditions « La Ville Brûle » font leur entrée dans la Cliothèque par le vaste thème du changement climatique permettant une chronique croisée.

Florence Rudolf, sociologue de l’environnement à l’INSA de Strasbourg, signe « Le climat change…et la société ? » dans la collection « Engagé-e-s », un petit format clair et concis structuré ici en quatre parties.

La première montre que le changement climatique est une question sociale majeure et que nous avons bel et bien atteint le point critique. Tout est menacé, même par l’agriculture. On y associe la notion de risque, de risque global même qui se doit de reposer sur un récit crédible. En cela, les discours scientifiques doivent s’allier. Quant à la multitude d’acteurs concernés par la question, il est vital qu’ils agissent à tous les niveaux spatiaux dans lesquels ils sont impliqués.

Suite à ce cadrage, Florence Rudolf précise la définition du changement climatique (un réchauffement certes mais pas uniquement une question de température, les courants ayant leur mot à dire) et son insertion au niveau des sciences sociales entre capitalisme et société de consommation, un modèle « mortifère…qui aura tendance à exacerber les inégalités géopolitiques ». L’auteure précise que la communauté scientifique doit donner des repères (chiffres, modélisation) au public, d’où l’importance de la communication et du langage…

…Il faut donc le « dire à la société », comme l’évoque le titre de la troisième partie. Outre une recherche indépendante, ce sont des médias de qualité, eux aussi indépendants, qui doivent relayer l’information. Le contexte de réception des campagnes de communication est crucial et il est nécessaire de les multiplier afin de « transformer des habitudes en culture » et d’occuper à bon escient l’espace public en combinant alerte et propositions d’actions.

La dernière partie porte sur les engagements, les responsabilités de chacun et l’on constate hélas logiquement que plus un pays nuit au climat, moins il se dit responsable. A nouveau sur cette question des échelles, si les négociations internationales paraissent abstraites au grand public, c’est pourtant bien au niveau local et régional qu’elles manifesteront leur réussite. L’art quotidien de « faire attention » peut s’avérer un puissant levier.

L’épilogue invite à résister à la fatalité, à ne pas se laisser décourager, l’enjeu est ici vital. Nous ne pouvons que suivre cette invitation.

Un tour d’horizon express de la question réellement complet. La lecture est facilitée par des citations en gros caractères sur page entière et par des définitions insérées dans le corps du texte supprimant la nécessité d’un index.

En complément, la lecture du volume de la collection 360, « Changements climatiques : les savoirs et les possibles » pourra apporter des précisions avec une approche différente, celle de la conversation entre les auteurs.

Xavier Leroux © Les Clionautes