Initiation aux divers types de documents géographiques.

 

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Les Éditions Belin font paraître, dans leur collection Atouts Géographie, un ouvrage de Philippe Cadène, professeur à Paris-VII, consacré au « commentaire de cartes et de documents géographiques ». Un de plus ! Dira-t-on. Et on aura tort. Cet ouvrage, qui vise principalement les étudiants de géographie des premier et même second cycle, mais s’adresse également à toute personne manipulant des documents gographiques, se révèlera grandement utile.

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L’ouvrage est divisé en trente chapitres regroupés en six parties. Compte tenu de la longueur relativement faible de l’ouvrage, chaque chapitre est donc court et dense.
La première partie, relativement classique, est consacrée à la théorie et à la méthode du commentaire.
La deuxième partie est fort intéressante : en 50 pages, l’auteur démontre le lien qui existe entre les échelles et les thématiques. Autrement dit, chaque échelle permet une analyse spécifique. Les échelles territoriales sont liées à un certain niveau du système social. Dans cinq chapitres, l’auteur passe en revue les échelles mondiale, nationale, régionale, locale et sub-locale. Il termine par une étude sur les échelles temporelles qui rappelle à quel point la dimension du temps est essentielle à l’étude géographique.
L’auteur passe ensuite à l’analyse des différents types de documents géographiques. La troisième partie aborde ainsi les documents géographiques du quotidien : plan des réseaux de transport, plans de villes, cartes routières, cartes issues des médias, photographies de paysages. Le discours de l’auteur et les exemples présentés sont relativement neufs et toujours fort intéressants : l’analyse du plan de métro de Tokyo est ainsi particulièrement originale. On regrettera seulement la gentillesse de l’auteur vis-à-vis des cartes publiées dans les médias, dont on pourrait trouver maints exemples autrement catastrophiques. On regrettera également que le cas des cartes dans les manuels scolaires n’ait pas fait l’objet d’un traitement spécifique, bien que quelques exemples tirés de manuels soient présents dans l’ouvrage.
La quatrième partie traite des cartes et documents scientifiques : cartes topographiques, cartes de synthèse régionale, cartes thématiques, cartes statistiques, photographies aériennes. L’ensemble est évidemment plus classique, mais toujours intéressant. Compte tenu de la dimension de l’ouvrage, certaines parties (méthodes de classification, par exemple) sont survolées, mais on pourra trouver ailleurs les détails qui nous manquent.
La cinquième partie analyse les cartes du pouvoir : documents du cadastre, plans d’urbanisme, plans d’aménagement régional et national, cartes électorales, cartes de géopolitique. On n’a pas toujours l’occasion d’étudier de tels documents et l’occasion était donc bonne de s’y frotter. L’intérêt de ce chapitre nous fera regretter sa brièveté (30 pages).
Enfin, la sixième partie étudie les nouvelles expressions graphiques, cartographiques et iconographiques : y sont envisagés les documents produits par les S.I.G., les images satellitaires, les cartes mentales, les cartogrammes et anamorphoses, les modèles spatiaux, les diagrammes sagittaux. Ce chapitre montre clairement, outre les divers documents proposés, à quel point la science géographique est en pleine évolution, à la fois sous l’effet des débats épistémologiques et sous l’effet des mutations technologiqes. Quelle discipline plus vivante que celle-là ?

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Quelques regrets sur les documents présentés.
Les documents rassemblés par l’auteur couvrent des thématiques et des espaces très diversifiés : c’est incontestablement l’un des points forts de l’ouvrage, même si, curieusement, on n’a pas cru bon de dresser la liste des figures représentées. On passe ainsi de la France à la Roumanie, de la Colombie à l’Inde, de Montpellier à Dakar, de Los Angeles à Oman, du Brésil au Cambrésis…
En revanche, bien que généralement de grande qualité, les documents ne sont pas toujours exempts de défauts : les légendes sont parfois incomplètes (p. 49), les couleurs sont parfois critiquables ou mal reproduites (p. 36 et 68), des informations essentielles sont parfois oubliées (il manque Tokyo sur le cartogramme des 55 plus grandes villes mondiales !).
Enfin, on aurait parfois aimé des documents plus centrés sur la France : ainsi l’analyse des SCOT et des PLU aurait sans doute gagné à utiliser des exemples français, bien qu’on ne dédaigne pas celui de Vientiane. Peut-être les droits d’utilisation de tels documents ont-ils posé problème ?

Une épistémologie de la géographie en filigrane.
A chaque occasion, l’auteur ne manque pas de faire un point succinct sur l’état de la science géographique. Le lecteur en tirera grand profit, car les grands débats qui ont agité et agitent encore la discipline sont présentés avec beaucoup de clarté, même si ce n’est pas là l’objet principal de l’ouvrage. Et pourtant ! Comment faire l’étude de certains documents sans les replacer dans leur contexte épistémologique ?

Une excellente mise au point sur les divers types de documents géographiques.La mise au point est excellente et aborde de très nombreux types de documents géographiques, ne se cantonnant pas – comme c’est souvent le cas – à la classique carte topographique. On déplorera seulement que certains types n’aient pas été présentés, sans doute par manque de place : c’est le cas des cartes de flux, de diffusion, par carroyage.

Un livre d’initiation.Ce livre demeure avant tout un manuel d’initiation pour les étudiants de premier cycle. Il pourra cependant concerner plus largement tout public cultivé ou qui doit manipuler des documents géographiques, autant dire tout le monde. On regrette souvent la brièveté des développements de l’auteur, mais son propos cadre parfaitement avec son objectif. L’abondante bibliographie rassemblée permettra d’obtenir les détails nécessaires.

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L’ouvrage de Philippe Cadène est donc à mettre entre toutes les mains. Le principal reproche qu’on puisse lui formuler est finalement sa brièveté. Mais n’est-ce pas là le reproche d’un lecteur satisfait à qui l’on a su donner envie d’aller plus loin ?

Compte-rendu par Christophe CLAVEL
Copyright Clionautes 2004