On vient de rendre compte de la prochaine publication d’un album de Maurizio Quarello par les éditions des Éléphants, à savoir Le Partisan. Tout le bien qui a pu être exprimé au sujet de ses talents graphiques doit être renouvelé.
Le parti pris n’a pas été de raconter le travail de pédagogue de Janucz Korczak, même si on nous donne à en saisir quelques aspects : le respect des uns et des autres, l’entre-aide assurée par les aînés envers les cadets, la volonté d’assurer les conditions d’une véritable autonomie. Toutes choses qui le rapproche des expérimentations menées dans l’entre-deux-guerres par Ovide Decroly, Célestin Freinet, Maria Montessori, et bien d’autres.
Mais le récit nous place du côté des enfants, le narrateur étant l’un d’entre eux : Simon. L’identification des jeunes lecteurs est ainsi facilitée. On suit sa parole jusqu’au moment où le cortège sort du ghetto pour rejoindre le convoi ferroviaire qui les emmène au camp d’extermination.
Simon est l’un des « grands » ; il a pour responsabilité de protéger Mietek. Cela lui confère une certaine maturité, que l’on sent quand il décrit les conditions d’existence. En même temps, c’est un exercice d’admiration qu’il exprime envers Pan Doktor, Janucz Korczak, dont la renommée mondiale est déjà très importante. Le récit et la nature des dessins qui font davantage que l’illustrer ont pour résultat de délivrer un album empreint d’une profonde gravité, mais aussi de poésie. Simon s’attarde sur des détails qui peuvent paraître insignifiants, mais dont la valeur éclate quand on les rapporte à la situation dramatique que la communauté vit alors.J’ai fait l’expérience de lire l’album à mes deux fils cadets, âgés de six et dix ans. L’heure tardive ne les invitait guère à la concentration, mais ils ont été pris par le récit et ils se sont plongés dans les détails des dessins. Le résultat, on l’aura compris, est un ouvrage d’une grande force, qui permettra de comprendre les rouages du mécanisme terrifiant qui conduit à la marginalisation d’un groupe humain, à son exclusion de l’espèce humaine, laquelle permet sa destruction systématique.