Jeux Olympiques de Pékin, en 2008 : Samia Yusuf Omar, 17 ans, représente la Somalie. Sur la piste, la jeune femme se surpasse et bat son record personnel. Malgré sa dernière place dans la course, le public l’adore et l’acclame. De retour dans sa Somalie natale, Samia ne compte pas rester sur un échec. Mais s’entraîner décemment est devenu impossible car les fondamentalistes musulmans interdisent aux femmes de pratiquer une quelconque activité sportive. Pour atteindre son rêve de participer aux prochains Jeux en 2012, Samia tente le tout pour le tout : elle se lance dans une périlleuse odyssée pour rejoindre l’Europe. Alors à peine âgée de 20 ans, Samia éprouve le calvaire de l’immigration : la violence des passeurs, les camions surchargés de réfugiés, la faim, la soif, la prison… Jusqu’à sa fin tragique.

Un témoignage nécessaire et bouleversante du destin tragique de Samia Yusuf Omar

A l’occasion des Jeux Olympique de Paris, les éditions La Boîte à bulle ont réédité l’hommage du dessinateur et scénariste allemand à Reinhard Kleist publié initialement en 2015. L’album a reçu plusieurs prix en Allemagne comme le Prix LUCHS, décerné par l’hebdomadaire ZEIT, et le prix Catholique du meilleur livre pour enfants et jeunes adultes. Il a aussi été nominé pour le prix de littérature pour jeunes adultes

Sans entrer dans le pathos, cet ouvrage fort et bien documenté est toujours d’actualité met l’accent sur l’enfer des Etats dominés par les Islamistes et de l’immigration alors que nombre de migrants fuient la mort, la pauvreté, la dictature, la violence dans l’indifférence et l’anonymat. Reinhard Kleist retrace efficacement la courte biographie de l’athlète et les nombreux drames qu’elle a vécu : les restrictions des libertés et les inégalités entre les sexes en Somalie, alors que les Islamistes du mouvement Al-Shebab règnent en maître et interdisent aux femmes de faire du sport, les conditions de migration inhumaines, depuis les camps « d’attente », la violence des passeurs, les camions surchargés de réfugiés, la traversée de la Méditerranée dans un canot pneumatique qui coule sous la masse de réfugiés puis la noyade de Samia à 21 ans, non loin des côtes italiennes, sans aucune intervention des Européens…

Comme une piqûre de rappel, ce livre est un témoignage aussi nécessaire que bouleversant du destin tragique d’une jeune femme qui a poursuivi ses rêves jusqu’à sa mort. Sa force, sa détermination, ses souffrances, sa détresse, sa peur, ses espoirs sont parfaitement retranscrits et accentués par les graphismes à l’encre noire. Le visage de plus en plus émacié et fatigué de Samia à lui tout seul résume parfaitement ses souffrances.

Un ouvrage qui a toute sa place dans les bibliothèques des enseignants et des établissements scolaires

Des extraits peuvent être utilisés en classe, par exemple lors d’une étude de cas en Quatrième dans le chapitre sur un monde de migrants (des vignettes peuvent être utilisées pour reconstruire le parcours de Samia, ses causes, les conditions de la migration puis les politiques migratoires de l’Union européenne), ou encore dans le cadre de projets pédagogiques sur l’égalité hommes-femmes. L’ouvrage a, selon moi, toute sa place dans les CDI des collèges et des lycées. Mis en contexte, il peut sans problème être lu par des collégiens et des lycéens.