Les éditions de la Martinière publient depuis de nombreuses années une collection intitulée « la vie des enfants ». Conçue pour des enfants à partir de 9 ans, elle vise à « faire connaître aux enfants d’aujourd’hui la vie quotidienne des enfants d’hier ». L’idée aussi est de s’appuyer sur des « documents visuels d’époque ». Remarquons tout de même qu’ils ne sont pas légendés au fil des pages, mais au début dans les crédits photographiques, ce qui est peu pratique pour des enfants.

Un livre pour les enfants

Si la collection s’adresse effectivement aux enfants, elle doit donc remplir un certain nombre de conditions en terme de compréhension, et donc par exemple de vocabulaire. Sur ce point la plupart des mots compliqués sont expliqués au fur et à mesure du texte comme « boursier, officier ou royaliste ». L’autre préoccupation, c’est d’arriver à contextualiser le personnage étudié. Ici pour Napoléon, l’auteur se trouve obligé d’utiliser forcément des concepts ou des idées qui peuvent sembler abstraits à un enfant : noblesse, Révolution française. Il est d’ailleurs un peu étrange que la définition de la Révolution française intervienne à la fin du livre dans le cadre du récit, alors qu’elle est évoquée de façon très allusive en introduction.

Napoléon en son temps

Dans un premier temps, l’auteur resitue la Corse dans son contexte. L’essentiel est dit car on voit comment cette île génoise passe à la France. Le père de Napoléon choisit de servir la France, et cela bénéficiera à ses enfants car le petit Napoléon effectuera ses études en métropole aux frais du roi. En essayant d’être concret sans être simpliste, Philippe Boitel choisit donc de se concentrer sur les années de formation de Napoléon et de s’arrêter en 1794. On découvre que, lorsqu’il arrive en France au collège de Brienne, il est l’objet d’humiliations de la part de certains de ses camarades. On apprend aussi les points forts du petit Napoléon à l’école comme les mathématiques, mais il ne se révèle pas très fort en dessin et en danse à l’école militaire. Finalement, le jeune Napoléon obtient ses examens, mais pas de façon brillante.

Vers la grande histoire

Devenu officier, Napoléon fait preuve de qualités dans l’apprentissage des techniques comme la lecture de plans ou la façon de calculer le meilleur angle de tir. Ensuite, la petite histoire rejoint la grande histoire à partir de 1789. L’auteur retrace en quelques lignes le mouvement long de la Révolution française et situe Napoléon à l’intérieur : « S’il a l’horreur du désordre, il comprend la révolte de ceux qui ont faim ».
Puis vient l’épisode de Toulon en 1793 où il fait preuve d’une grande bravoure. Grâce à sa victoire, il devient général de brigade à 24 ans. Son histoire personnelle va bientôt se conjuguer avec l’histoire de France. Sur ce que deviendra ce jeune officier, l’auteur ne dit rien, ne suggère rien, mais tel n’est pas le propos de cette collection qui ne retrace que l’enfance et l’adolescence de Napoléon.
Néanmoins on peut deviner ce qui va se passer grâce aux nombreux flashs portraits qui ponctuent le livre. Ainsi l’un est consacré au père mais aussi aux frères et sœurs. Dans le texte, on découvre donc les futurs rois et reines d’Europe.

Finalement cet ouvrage en se concentrant sur les années de formation permet d’apprendre quelques informations sur Napoléon, de dessiner quelques lignes de contexte pour aider à le situer. Si l’on se place du côté du lecteur théorique, à savoir les enfants à partir de 9 ans, c’est une première découverte intéressante, mais qui appelle néanmoins peut-être de la part de l’adulte de le lire avec l’enfant pour que ce dernier en profiter pleinement.

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