On ne présente plus Christian Jacq, romancier à succès et spécialiste des sagas en plusieurs volumes, vendus à des millions d’exemplaires à travers le monde. L’Égypte pharaonique est son terrain de prédilection autant pour les romans que pour les essais. L’écrivain a obtenu un doctorat sur les rites funéraires en Égypte ancienne à Nanterre, sous la direction de Jean Leclant, égyptologue reconnu. Largement tourné vers la fiction, Christian Jacq s’intéresse particulièrement aux pratiques ésotériques et magiques. Ce petit livre, réédité à nouveau, plonge le lecteur dans le monde fabuleux des mythes et de la religion de l’ancienne Égypte.

En introduction, l’auteur définit la magie, une science exacte pour les Égyptiens, qui serait l’énergie essentielle circulant dans l’univers, venant des dieux comme des humains, capables de capter cette énergie contenue dans les noms divins. Les hiéroglyphes sont les paroles des dieux. Tout objet est animé magiquement, esprit et matière sont de la même substance et l’existence humaine repose sur un équilibre précaire, entre forces négatives et rites de passage (naissance, mariage, mort…) Ainsi tout acte magique est par définition un acte créateur. Dieu de la magie et création de la lumière, Héka doit écarter le mal et la disharmonie qui viennent perturber l’ordre des choses, un état de négativité opposé à la Maât. La magie est une affaire de perception dont l’épicentre est le cœur, témoin de la vie de l’homme. L’amulette du scarabée de cœur joue un rôle majeur dans le passage vers la vie éternelle.

L’Égypte pharaonique considère la magie comme une activité primordiale. Les livres magiques sont produits par les institutions officielles comme « la Maison de Vie » et font partie des archives royales. Chaque bibliothèque des temples en possède. Toute activité cultuelle célébrée dans les temples est magique. Le Pharaon est le seul prêtre habilité à diriger les rites nécessaires pour maintenir la présence divine sur Terre. Maître des forces naturelles et surnaturelles, il incarne les forces de vie et communique avec le divin.

Christian Jacq traite de la formation et de la spécialisation des magiciens, hommes de connaissances, astrologues et détenteurs de pouvoirs en lien avec le divin. Puis sont énumérés les croyances dans les amulettes et le rôle des animaux, hypostases divins et supports de la magie.

Cet ouvrage décrit un monde particulier en lien avec des croyances révolues. L’auteur mêle magie et religion, pratiques magiques et rituels, comme si l’ésotérisme et l’indicible étaient évidents pour tous les lecteurs. Ce livre comporte de nombreux dessins commentés, tirés surtout de représentations visibles sur les chapelles de Toutankhamon conservées au musée du Caire ou de celles de l’hypogée de Ramsès IX dans la Vallée des Rois à Thèbes, qui pourraient être utiles dans le cadre d’un cours. On peut regretter que ces images ne soient ni datées et avec aucune référence quand à leur lieu de conservation. Si le spécialiste s’y retrouve sans doute, le débutant peut s’y perdre…