Dans la collection Grand Amphi Histoire, « Le Monde romain » est réédité. Sous la coordination de Nicolas Richter, dix contributeurs mettent à jour le volume.
L’histoire de la Rome antique y est retracée avec le plus grand sérieux. A destination des étudiants, l’ouvrage retranscrit, dans sa chronologie, l’histoire de la bourgade devenue empire.
Chaque chapitre, au nombre de dix, se divise ainsi : un cours et une bibliographie générale qui invite les lecteurs à aller plus loin dans leur découverte ; au moins un commentaire et une dissertation, exercices pratiques qui permettent un approfondissement de certains points exposés en leçon. Des ressources numériques sont également disponibles sous formes de documents PDF.

Dans une première partie, rédigée par Bernard Klein, professeur agrégé de l’université de Paris IV, la cité de Rome est présentée à ses origines. Dès le Xe siècle, en Italie, plusieurs civilisations coexistent. Parmi elles, les Etrusques, qui utilisent un alphabet d’origine grecque. Rome naît, entre mythe et histoire. La période royale, abordée brièvement, met en lumière les principes de l’auspicium et de l’imperium comme supports du pouvoir royal. La transition se fait dès la réforme de Servius Tullius, au VIe siècle : le populus est alors divisé en classes censitaires. Le glissement vers la Res Publica est amorcé et l’opposition des « patricii » aux Tarquins mène cette fois à l’instauration d’un nouveau régime. La Res Publica connaît dès les débuts des difficultés avec des conflits patriciens / plébéiens. La publication de la Loi des Douze tables, la mise en place des institutions républicaines, la place des dieux et des prêtres dans la cité et le statut de citoyen sont tour à tour abordés. L’expansion romaine débute en Italie.
Les documents commentés concernent le forum romain au milieu du IIe siècle avant J-C, un extrait de Tite-Live abordant la reconstitution du Sénat au lendemain de la bataille de Cannes, un plan de Rome au IIIe siècle avant J-C. La dissertation traite le sujet suivant :  » Rome et la société romaine de IIIe siècle avant J-C ont-elles été bouleversées par la conquête ? »
La richesse des documents proposés à l’étude est à noter.

La deuxième partie, dont l’auteur est Jean-Marie Bertrand, professeur d’Histoire ancienne à l’université de Paris I, expose le phénomène de la conquête romaine . La petite cité a acquis, en l’espace de quelques années un immense empire. Il s’agit donc de s’intéresser au rythme des conquêtes, d’abord en Occident puis en Orient. Si la mise en place de l’empire se réalise sans heurts majeurs et opposition des pouvoirs locaux en place qui semblent se résigner, la question de l’administration se pose. Ainsi, on s’aperçoit qu’il n’y a pas de réelle politique à long terme si ce n’est les impôts réguliers que chaque territoire devait verser à Rome en échange d’une relative sécurité. La période des guerres civiles trouble l’ordre établi.
Un document est proposé au commentaire : un texte de Tite-Live, de nouveau, concernant le statut imposé à la Macédoine en 167 avant J-C.
La dissertation traite de l’exploitation de l’empire romain durant l’époque républicaine.

Le troisième chapitre couvre la période de 218 avant J-C à 46 avant J-C, soit de la deuxième guerre punique aux années suivant la mort de César. Maria Bats, maître de conférences d’histoire romaine de l’université de Paris I, part du constat d’une Rome oligarchique du IIe siècle avant J-C, époque des premières conquêtes. Mais la crise des Gracches met en avant les revendications des populares. La montée d' »homines novi » au cours du Ier siècle aboutit in fine au pouvoir absolu exercé par César.
Le document proposé est un texte de Velleius Paterculus intitulé « La guerre sociale ». La dissertation aborde quant à elle les réformes agraires de 133 avant J-C à la fin de la République romaine. Les écueils de ce sujet sont nombreux : il s’agira de mettre en avant leur importance dans le paysage politique romain qui se redessine.

Dans une quatrième partie, Stéphane Benoist, professeur d’histoire romaine à l’université de Lille III, retrace la période du Principat, de 44 avant J-C, mort de César, à 238 après J-C. Les arbres généalogiques des Julio-Claudiens, des Antonins et des Sévères peuvent s’avérer utiles pour la suite. Les différents empereurs sont abordés brièvement avant l’étude du fonctionnement du nouveau régime politique mis en place. Une large part est consacrée à Octave-Auguste et il sera nécessaire d’approfondir cette partie pour une meilleure connaissance du règne de chaque Princeps.
Le document épigraphique, un calendrier augustéen, met en lumière la volonté de l’empereur : le culte familial devenant culte dynastique, garant de la continuité du Principat.
La dissertation aborde les modes d’accession à l’empire.

Le chapitre cinq, intitulé « La domination de Rome et l’administration des provinces » et le chapitre six, « les religions du monde romain » sont thématiques quant à eux. Michel Christol, professeur d’histoire romaine à l’université de Paris I, s’intéresse à la grandeur mais aussi aux limites de l’Empire romain. Il regarde ensuite par quels moyens l’administration de cet empire est possible : l’armée et la fiscalité sont deux éléments majeurs. Stéphane Benoist, quant à lui, traite de la question religieuse, notamment de l’instauration du culte impérial mais aussi de l’assimilation des cultes orientaux ou encore des religions monothéistes.

Les chapitres 7 et 8 s’attardent sur l’Occident romain (jusqu’au Ve siècle) et sur l’Orient romain (jusqu’en 235). Les rédacteurs, Ariane Bourgeois pour le chapitre 7, maître de conférences d’histoire romaine à l’université de Paris I, et Marie-Henriette Quet, directeur de recherches au CNRS, en co-rédaction avec Nicolas Richter, professeur d’histoire ancienne à l’ENS de Lyon, pour le chapitre 8, mettent en lumière, ne serait-ce que par cette scission en deux chapitres, les divergences entre provinces de l’Occident et provinces de l’Orient. La dissertation  » Claude et l’Occident romain » retient l’attention. Elle rend à Claude, souvent oublié voire méprisé, un rôle de poids dans cette politique en Occident. Les documents proposés par Marie-Henriette Quet et Nicolas Richter, par ailleurs, moins connus, sont intéressants à bien des points de vue : l’étude du document commenté retient notre attention.

Xavier Loriot, dans le chapitre 9, traite de l’empire tardif (IIIe au Ve siècle). Le maître de conférences d’histoire romaine à l’université de Paris IV décrit la période troublée du IIIe siècle entre menaces barbares, crises économique mais aussi sociale avant l’arrivée au pouvoir de Gallien, « Restitutor urbis ». La période du Bas-Empire, puis le Vème siècle et l’installation des royaumes barbares clôturent cette partie.

Le chapitre 10, intitulé « La pensée, la parole et l’écrit à Rome » est rédigé par Marie-Pierre Arnaud-Lindet, maître de conférences d’histoire romaine à l’université de Paris I. Avant d’entamer cette étude, elle propose un tableau des auteurs par genres littéraires. Son approche est chronologique cependant : la République et les premiers écrits ; l’époque d’Auguste et Tibère ; le Haut-Empire ; l’Empire tardif.
Elle propose en document commenté une extrait de la comédie du Rudens de Plaute. La dissertation concerne « Cicéron orateur ».

Pour conclure, l’ouvrage est de qualité et permet d’avoir en tête les principaux éléments d’histoire ancienne concernant le monde romain. Les documents et dissertations sont traités avec efficacité et permettent aux étudiants d’acquérir une méthodologie nécessaire.