En l’an 1327, le jeune moine bénédictin Adso de Melk accompagne son maître, le moine franciscain Guillaume de Baskerville (mandaté par l’empereur Louis IV alors en conflit avec la papauté), vers une sinistre mais riche abbaye située au cœur d’une région montagneuse.

Guillaume de Baskerville est un ancien inquisiteur et surtout un fin enquêteur (son nom même, comme cela a déjà été de nombreuses fois relevé, est un joli clin d’œil à Conan Doyle), raison pour laquelle le « père » de l’abbaye, l’abbé Abbon, le somme, en toute discrétion, d’enquêter sur le meurtre d’un jeune maître enlumineur prometteur, Adelme d’Otrante.

Car il faut, déclare le père abbé, un homme capable « de distinguer le bien du mal mais aussi ce qui est opportun de ce qui ne l’est pas ». Alors que débute l’enquête d’Adso et de Guillaume de Baskerville, un second assassinat est commis, touchant un autre moine affecté au scriptorium. Si le franciscain Guillaume est tout tourné vers sa quête de vérité et de savoir, Adso passe d’expériences en découvertes, entre crises mystiques, évocation du dolcinisme et rencontre avec une jeune fille…

L’adaptation du roman d’Umberto Eco sous la forme d’une bande dessinée est une très belle réussite, servie par une bonne maîtrise du récit et des dessins magnifiques.

On s’enfonce avec délectation dans les méandres de l’abbaye et on y croise avec un immense plaisir, sous le crayon de Milo Manara, les personnages bien connus de cette quête « philosophico-policière » comme la véritable tour de Babel difforme qu’est le frère Salvatore ou encore le terrible Jorge da Burgos pour qui le rire est une abomination.

Grégoire Masson