Cette bande dessinée retrace le parcours de Jeanne ou Jennifer, une jeune journaliste habitant sur Paris. Elle reçoit comme mission d’aller enquêter sur le phénomène des gilets jaunes, un phénomène qu’elle regarde de haut, depuis son appartement parisien, au milieu de ses amis, très loin des revendications de ce mouvement est extrêmement dédaigneux vis-à-vis de ses acteurs.

Mais pour Jeanne, le problème est ailleurs. Derrière ce phénomène, il y a son histoire personnelle, son histoire familiale et ses racines qu’elle tente de faire oublier, tout comme son vrai prénom, Jennyfer. En effet, elle cache en grande partie à ses amis ses origines provinciales et sa famille modeste touchée par les drames. Elle ne la fréquente que très peu, ne connaît pas ses neveux et nièces, ne parle pratiquement plus à sa mère et sa sœur. Et pourtant, c’est dans sa région familiale qu’elle va décider d’aller enquêter, pour s’approcher au plus près de la réalité du mouvement.

Cette bande dessinée a de multiples points forts. Tout d’abord, c’est ce mélange entre actualité et histoire intime qui se dessine au fur et à mesure des pages. Ensuite, la volonté de mettre du réel à travers toutes les pages, que ce soit à travers les descriptions des personnages principaux et secondaires, les revendications, tellement diverses, des personnes qui ont participé au mouvement des gilets jaunes, les relations entre les acteurs médiatiques et les retranscriptions, perclues de préjugés, des actions du mouvement.

Malgré une préface de François Ruffin, qui pourrait laisser aller à quelques interprétation politique de ce livre, les auteurs essayent au maximum de ne pas sombrer dans une dichotomie, une réflexion uniquement basée sur le bien et le mal ou les gentils et les méchants, qui n’aurait aucun sens ici. À travers le personnage de Jeanne, les auteurs représentent néanmoins ce décalage qui peut parfois exister entre certains habitants parisiens et le reste de la population. Quand elle redevient Jennifer, le personnage devient encore plus complexe et intéressante, tout comme le monde dans lequel elle est plongé.

Cette BD est donc une vraie réussite, tant sur le fond que la forme. C’est une vraie et belle expérience sociale de lecture, dans un timing qui a permis de prendre un certain recul par rapport au mouvement des gilets jaunes. Les planches sont magnifiques et remplies d’humanité, dans le sens de son attachement aux gens et de sa diversité.

Présentation de l’ouvrage sur le site de l’éditeur

Jeanne, parisienne depuis sept ans, retourne dans sa famille à Mohrange pour réaliser un reportage sur le mouvement des Gilets jaunes, sur les ronds-points. Elle a honte de son milieu, de sa classe sociale, elle qui a changé son prénom, Jennifer, en arrivant à la capitale. Son retour va-t-elle la réconcilier avec elle-même ?
Après Lip, des héros ordinaires, Laurent Galandon nous plonge au cœur du mouvement des Gilets jaunes pour parler des gens ordinaires, comprendre leurs colères, leurs espoirs, au-delà des clichés.

Jeanne est dessinatrice indépendante. Les commandes se font rare. Ce jour-là, elle a rendez-vous avec le rédacteur en chef d’une revue parisienne branchée, à qui elle avait envoyé un aperçu de son travail. La chance va-t-elle enfin tourner ? Bingo ! La revue lui commande un reportage dessiné sur… les Gilets jaunes, en province. Les Gilets jaunes ? « Ces ploucs et ces fachos » ? Jeanne ne voit pas ce qu’elle pourrait bien raconter sur ces « gens ». Elle accepte cependant, c’est peut-être une chance pour elle : un reportage dans Nouveaux regards, c’est une sacrée carte de visite ! Elle part donc pour… Morhange, et non pas Nancy, où ses amis pensent que vit sa famille. Sa mère n’est pas médecin, comme ils le croient, mais auxiliaire de vie. Et Jeanne ne s’appelle pas Jeanne mais Jennifer. Elle ment à ses amis parisiens, et surtout elle se ment. Elle a honte de sa mère qu’elle n’a pas vue depuis bien longtemps. Elle a honte de son milieu social. Les fins de mois de sa mère sont difficiles. Elle est épuisée. Elle est en colère. Elle est Gilet Jaune… `Pour Jeanne-Jennifer, c’est une découverte à laquelle elle ne s’attendait pas.

Présentation des auteurs

Laurent Galandon n’a démarré qu’en 2005 sa carrière de scénariste de bande dessinée. Il s’est fait connaître avec son premier diptyque « L’Envolée sauvage », réalisé avec un autre jeune talent Arno Monin, plusieurs fois primé et salué tant par la critique que le public. Après une belle année 2009, où il signe notamment « Quand souffle le Vent » dans la collection Long Courrier chez Dargaud, s’attaque au terrorisme islamique avec Shahidas et aborde la Guerre d’Algérie avec Tahia el Djazaïr, l’année 2010 s’annonce encore plus animée.  En avril 2010, sortie de son nouvel album, « Le Cahier à fleurs » dessiné avec beaucoup de sensibilité par Viviane Nicaise, auteur vivant en Grèce qu’il n’a pas encore rencontrée et qui devrait terminer le T.2. En 2016, il publie « L’appel ». Installé aujourd’hui en Ardèche, le jeune scénariste multiplie chez Bamboo et Dargaud des projets d’albums ancrés dans l’Histoire pour mieux l’interroger et faire réfléchir. Avec une écriture sensible et engagée, un sens du découpage et de la narration, il a su tirer avantage de sa grande culture cinématographique pour offrir aux lecteurs des histoires passionnantes qui bousculent les préjugés. Pour le scénario, il est accompagné d’Anne-Sophie Reinhardt.

Amandine Puntous est autrice de bande-dessinée et illustratrice originaire de Haute-Loire. Elle vit et travaille dans son atelier, perché dans les montagnes du Jura. Elle remplit ses carnets de matière inspirante, emprunte au réel un regard juste, et laisse le dessin délivrer la poésie des lieux et des personnes croisées. Elle évolue dans différents courants artistiques et travaille actuellement, sur un album de bande-dessinée aux éditions Futuropolis avec l’auteur Laurent Galandon au scénario. Elle enseigne en école d’art et propose des ateliers artistiques autour de son travail d’autrice et avec les Ateliers du Gommascope, fondés en 2018 avec Nicolas Bougère (Animation & stop motion) et Julie Hauber (photographie & cyanotype). Connaissance de l’histoire de la BD, des différents styles et du vocabulaire utile à sa réalisation. Bénévole dans l’association l’Épicerie Séquentielle, structure d’auto-édition collective, qui publie depuis 2015 « Les Rues de Lyon ». Proposant chaque mois un récit historique lyonnais en dix pages, ce journal est réalisé intégralement par des artistes locaux et diffusé directement en librairie.