Ce premier volume, d’un dyptique ou d’un triptyque, consacré à la vie d’un des plus grands poètes français nous plonge dans la vie de l’artiste entre ses 3 ans et l’été 1870. Si l’auteur annonce, dès le départ, ne pas vouloir faire une biographie la plus précise chronologiquement et historiquement, voulant laisser place à une interprétation et une fictionnalisation des événements, il faut quand même concéder, dès maintenant que nous avons à faire un travail solide et très richement documenté.

Ce premier volume s’étend de l’enfance à l’adolescence, un passage de vie tellement mouvementée pour une personne normale, mais encore plus quand on est issu d’une famille, quasiment monoparentale, qu’on est un génie reconnu dès son plus jeune âge, que l’on a envie de quitter cette ambiance familiale dominée par une mère tyrannique et oppressante, elle-même en rupture par rapport à ce qu’aurait imposé un modèle traditionnel de famille étant donné son milieu d’origine.

C’est d’ailleurs souvent cette mère qui alterne le rythme de vie du jeune garçon, tout comme le rythme de la BD, entre moments d’escapades, périodes d’absences et de silences pesants. Mais le rythme est aussi dicté par la plongée dans les fulgurances et la profonde intelligence du personnage principal.

C’est dans ce tourment permanent que vit Arthur Rimbaud, tourment renforcé par l’absence de son père et la recherche de figures paternelles, le silence maternel, les conflits avec ses camarades, qui sont à la fois fascinés, aigris et jaloux du caractère et des talents du jeune garçon. Arthur Rimbaud rêve d’ailleurs et ce premier volume esquisse cette volonté de fuite et cette conscience de son propre destin.

Poursuivre cette farandole de sentiments, Damien Cuvillier nous présente des planches d’une beauté infinie, alternant entre les couleurs froides et les couleurs chaudes, apportant de la profondeur humaine et sociale à chacun des personnages, principaux comme secondaires, remplissant les décors de paysages urbains et ruraux, tout en contrastes et en nuances. C’est une magnifique suspension temporelle que nous offre cette lecture.

Présentation de la BD sur le site de l’éditeur

Que connaît-on de la vie d’Arthur Rimbaud ? Des fragments sont attestés et vérifiés, mais une bonne partie ne peut que se réduire à des hypothèses. Comment raconter la vie d’un homme célèbre qu’on connaît autant et si peu ? En ne racontant pas « la » vie du poète mais « une » vie d’Arthur. En remplissant les vides avec une rigoureuse imagination.
D’Arthur Rimbaud, on sait qu’il est né à Charleville le 20 octobre 1854 et mort, à 37 ans, le 10 novembre 1891, à Marseille. On sait qu’il a écrit ses premiers poèmes à 15 ans, et qu’il a renoncé à la poésie vers 20 ans. On sait qu’il fut l’ami et l’amant de Verlaine. On sait qu’après un séjour tumultueux à Londres et une pérégrination à travers l’Europe, il s’est établi comme commerçant et trafiquant d’armes entre la corne de l’Afrique et l’Arabie. Il a 6 ans quand son père, officier dans l’infanterie, quitte définitivement le foyer conjugal, abandonnant sa jeune femme et ses quatre enfants. L’absence du père marquera durablement sa vie et son œuvre. Et il n’a pas 16 ans quand la guerre éclate entre la France et la Prusse. Entre les deux, Arthur marche et marche encore, dans les prés et les bois de Roche, une ferme ardennaise appartenant à sa mère. Entre les deux, Arthur étudie. C’est un élève extrêmement brillant, collectionnant les prix d’excellence en littérature et en latin. Entre les deux, Rimbaud écrit. C’est à 15 ans qu’il publie, dans la Revue pour tous, l’un de ses tout premiers poèmes, « les étrennes des orphelins ». Et c’est à 15 ans encore, en classe de rhétorique, qu’il fera la connaissance d’un tout jeune professeur de 22 ans, Georges Izambard, qui lui sera un maître et ami…

Présentation de l’auteur sur le site de l’éditeur

Damien Cuvillier est né en 1987. En 2006, il reçoit le Prix Régional au festival de la bande-dessinée d’Amiens. En 2014, il reçoit le Prix coup de cœur du festival Quai des bulles à Saint-Malo. Il rejoint les éditions Futuropolis en 2014 avec Chroniques de Notre Mère la guerre, collectif avec Maël et Kris avec qui il collabore sur Nuit noire sur Brest (co-scénario de Galic). En 2017, il participe à la série La Guerre des Lulus, série créée par Hardoc et Hautière. Depuis, ce passionné du dessin et de la narration alterne les collaborations, toujours chez Futuropolis : Eldorado, avec Hélène Ferrarini, Mary Janeavec Frank Le Gall.