« Pris de court par les transformations de son milieu dont il est pourtant directement responsable, [l’homme du XXe siècle] se demande s’il est encore capable de maîtriser les découvertes scientifiques et technologiques dont il attendait le bonheur. Tel l’apprenti sorcier, ne risque t-il pas finalement de périr par les forces qu’il a déchaînées ? ». Ce sont par ces quelques mots tirés d’un discours prononcé par Georges Pompidou lors d’un déplacement à Chicago que Pierre Thiesset, directeur de la collection « Le Pas de côté » aux éditions l’Échappée, introduit l’ouvrage.
Œuvrant dans le champ vaste de l’écologie politique Pierre Thiesset est un auteur régulier du journal lyonnais La Décroissance et ambitionnant de « mettre en doute la religion du Progrès », il est tout naturel pour la collection de Pierre Thiesset de publier les écrits de Bernard Charbonneau, penseur majeur et prolixe (Tristes campagnes ou Le Jardin de Babylone pour ne citer que deux des ouvrages les plus connus de l’auteur) de l’écologie en France, mais demeurant pourtant largement méconnu du lectorat aujourd’hui.
Ouvrage recueil, Le Totalitarisme industriel est une compilation d’articles publiés par Bernard Charbonneau dans les journaux Combat Nature et La Gueule Ouverte des décennies 1970 à 1990. Tout au long de ces lignes et des articles réunis par thématiques (limites de la croissance économique débridée, dangers de l’informatisation totale de nos vies, destruction des paysages et de la petite paysannerie, dérives de la société technicienne), le lecteur pourra découvrir ou redécouvrir la pensée de Bernard Charbonneau, profondément d’actualité au moment où le monde traverse une profonde crise écologique et civilisationnelle.
Une lecture que nous ne pouvons que conseiller !
Présentation de l’éditeur. « Le « Progrès » ? Bernard Charbonneau le représente sous la forme d’un bulldozer qui transforme les paysages en terrains vagues et nivelle tout sur son passage. Au cours du XXe siècle, la croissance a entraîné l’exode rural, l’annihilation des sociétés traditionnelles, le triomphe de l’agrochimie. Le marché quadrille désormais la planète alors que l’accélération des transports et l’essor des télécommunications compriment les distances. Cette civilisation des machines est aussi celle de la dépersonnalisation : la banlieue s’étend, les modes de vie s’uniformisent, la culture de masse formate les esprits. L’État enfle, l’organisation se fait de plus en plus contraignante, les consommateurs passifs sont pris en charge jusque dans leurs loisirs. Et chacun est sommé de s’adapter au changement incessant.
Standardisation, concentration, pollution… le développement exponentiel de la science, de la technique, de l’économie est ici analysé comme un phénomène social global. Face au totalitarisme industriel, l’écologie que défend Bernard Charbonneau est révolutionnaire, à la fois libertaire et conservatrice. Elle articule préservation de la nature et conquête de la liberté, et affirme la nécessité de décroître, de penser les limites et l’équilibre contre la quête destructrice de toute-puissance ».
Geoffrey Maréchal, pour Les Clionautes