Par Cyril Froidure.
Tiré de la collection Carrefours de chez Ellipses, cet ouvrage fait un point utile sur la question du tourisme. Centrant son propos sur les notions d’enjeux et d’aménagement, comme l’indiquent titre et tables des matières, l’auteur, professeur émérite à Paris I-Panthéon Sorbonne et président de l’institut d’urbanisme et d’aménagement de la Sorbonne, rappelle que l’activité touristique est dans les pays développés au carrefour de trois préoccupations : sociale et culturelle, économique et environnementale. La question qui se pose est la suivante : Est-il possible de concilier les trois ? Peut-on trouver un équilibre entre ces trois enjeux ? ou faut-il donner la priorité à celui qui engage le plus l’avenir.
Dans une première partie consacrée aux enjeux, l’auteur présente les trois enjeux les uns après les autres. Prenant le soin de définir les termes et notions employés, exercice certes fastidieux mais fort utile pour les étudiants, Pierre Merlin souligne l’importance prise par le tourisme en tant que secteur économique après la massification du phénomène qui suivit l’après seconde guerre mondiale. Il n’omet pas de nuancer : l’impact économique de ce secteur variant selon l’extension retenue de la branche tourisme (734 000 à 1,3 millions d’emplois); de plus, tous les français, puisque la France est l’espace d’étude retenu, ne sont pas des touristes (35% d’entre eux ne partent pas en vacances). Quoiqu’il en soit, on ne peut nier l’essor du secteur touristique dont les rapports à l’espace sont multiples : consommation, fréquentation, dégradation, toutes actions renforcées par la concentration sur des espaces fragiles que sont les littoraux et les massifs montagneux.
La prise de conscience d’un impact négatif sur l’environnement fut tardive. Dans les années 60 et jusqu’aux années 70, l’impératif économique primait : il fallait développer un secteur source de devises et d’emplois ; ce fut le temps du développement d’un tourisme balnéaire de masse, dont l’état était parfois maître d’œuvre comme en Languedoc-Roussillon, de la construction de stations de stations de sports d’hiver intégrées. Mais dès les années 60, quelques mécanismes, à succès, furent mis en place prévoyant une préservation des milieux plus ou moins forte : les réserves naturelles, les parcs nationaux et les parcs naturels régionaux.
Puis avec la vague environnementaliste des années 70, les directives littoral et montagne firent de la préservation une priorité. Elles eurent leurs partisans, les écologistes, et leurs détracteurs : élus et habitants des zones concernées qui virent en elles des obstacles au développement.
Les années 80 marquèrent un nouveau changement de cap : celui de la recherche d’un équilibre entre protection et aménagement. Les lois littoral et montagne cherchaient à concilier développement et préservation. Ces législations ne furent pas toujours bien acceptées : elles furent ressenties comme une volonté de l’état de conserver un droit de regard sur ces espaces à une époque où la décentralisation attribuait aux communes des compétences en matière d’aménagement et d’urbanisme. Après une vingtaine d’années d’application, le bilan de ces deux lois est mitigé :on peut admettre avec l’auteur que l’aspect économique de ces réglementations est plutôt une réussite alors que pour le volet préservation, la loi montagne aurait eu plus d’efficacité que la loi littoral.
Les deux derniers chapitres sont consacrés à la campagne et à la ville. Dans le premier cas, Pierre Merlin souligne les perspectives favorables au tourisme du fait de la disparition d’autres activités tout en insistant sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une recette miracle : les retombées économiques sont moindres que dans les autres espaces car la clientèle y ait souvent moins fortunée. De plus, l’activité n’a jamais été la priorité de l’aménagement en milieu rural centré sur l’agriculture. La ville, elle, voit son poids dans le secteur croître car le temps libre augmente et la mise en valeur de son patrimoine attire des clientèles à forts revenus mais cela a aussi des conséquences négatives en termes de hausse du coût de la vie et du foncier.
Les conflits d’enjeux et la recherche d’un équilibre entre eux ont conduit à une meilleure compréhension et appréhension de ceux-ci et de l’aménagement des zones touristiques. Toutefois Pierre Merlin ne veut pas contenter de cela, il lui semble nécessaire de poser clairement les fondements d’un développement touristique durable : préserver la qualité des espaces concernés, économiser ceux-ci, poser comme une évidence le contact modéré avec un patrimoine reçu et a légué aux générations futures.
Dans la veine, en plein essor, du développement durable, voici ce concept appliqué au tourisme. Le tourisme n’est pas très original dans l’essentiel de son contenu mais il est à signaler aux étudiants. Il représente un bon outil de départ, malgré son aspect austère, pour aborder le tourisme, on y trouve les définitions importantes, des chiffres récents, quelques illustrations, des encadrés ponctuant chaque chapitre et abordant des exemples précis (Eurodisney, la réserve naturelle des Aiguilles rouges, l’action du conservatoire du littoral en Corse…) dans lesquels l’enseignant pourra trouver son bonheur pour aborder en 4ème la deuxième partie sur la France.
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