Ce manuel de 670 pages est directement destiné aux classes préparatoires commerciales mais également aux hypokhâgnes séries économique. ( BL).
Toutefois, il ne serait pas opportun de le limiter à cet usage. L’étendue du champ traité. « Des origines du capitalisme industriel aux stratégies des pays en développement », justifient l’acquisition et la lecture de cet ouvrage qui devient au fil des éditions la référence des sujets touchant à l’économie avec laquelle la géographie et l’histoire entretiennent un certain commerce.
On appréciera dans cette collection, une table des matières très bien conçue, précise et détaillée et un index des notions, organismes et sigles, qui rendent ce manuel pratique et directement utilisable.

Chaque chapitre est enrichi d’annexes, on notera par exemple la bonne synthèse sur la révolution industrielle, des citations d’auteurs de référence, et on retrouve ici l’esprit des concours, et des types de sujets de dissertation.
Parmi les chapitres que l’historien appréciera, on lira avec profit « les idées économiques, des mercantilistes aux néoclassiques, de Alain Combes, qui est comme auteur très présent dans l’ouvrage et les deux chapitres de Lucien Orio, consacrés respectivement au consensus keynésien et à sa remise en cause et à l’ère monétariste.

À ce propos, on ne pourra que réfléchir à ce retour au keynésianime que bien des décideurs semblent appeler de leurs vœux. Le temps de l’hyper-libéralisme qui a été le modèle dominant depuis la période Reagan semble s’éloigner au fur et à mesure que la triple crise, énergétique, financière et alimentaire produit ses effets. Dans l’entourage du candidat démocrate à la maison blanche, il semblerait qu’un nouveau new deal soit en préparation avec un renforcement du rôle de l’État, régulateur et redistributeur et garant d’une bonne gouvernance des services publics.
On retrouvera aussi dans le chapitre une étude sur la monnaie avec différentes perceptions, opposant comme d’habitude, les keynésiens aux monétaristes. Dans ce débat, la place de la monnaie, neutre ou active, exogène ou endogène est évidemment importante pour fonder une politique économique au niveau d’un état ou encore d’une union régionale.

On retrouve le même auteur, Anne-Marie Gronier, dans un chapitre très dense et très clair sur l’espace régional européen. Puissance économique l’Europe peine à mettre en œuvre une politique économique coordonnée qui ferait-elle un acteur majeur de la mondialisation. Elle aurait plutôt tendance à réglementer ce qui lui permet de devenir une référence mais cela l’handicape également et entretient dans la population de l’Union un euroscepticisme qui nuit à son développement.

Le professeur de géographie pourra tirer profit du chapitre 24, consacré aux stratégies des pays en développement avec une très bonne analyse de la fracture des « Suds », un sujet d’actualité par ces temps de corrections des croquis de géographie. C’est d’ailleurs à ce niveau que le géographe aurait pu intervenir. Quelques cartes de synthèse auraient pu enrichir cet ouvrage. Toutefois, on ne saurait trop conseiller de se référer à ce manuel pour cette partie. Une présentation du consensus de Washington et une reconsidération du rôle de l’État viennent très opportunément éclairer les causes et les effets de la crise actuelle.

Bruno Modica © Clionautes