Claude Gardien invite à une redécouverte de nombreux alpinistes pour certains oubliés.

En neuf temps historiques, l’auteur, guide de Haute montagne, journaliste et photographe, continue cette histoire d’un sport, d’une activité mise à l’honneur par l’UNESCO en 2019Le Mont-Blanc et la pratique de l’alpinisme a été inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2019 : L’UNESCO au Mont Blanc, Bernard Debarbieux, Guérin/Paulsen, 2020.

Une date, un court texte et un ou plusieurs documents iconographiques : gravure, photographie, évoquent un haut fait, un tournant de cette histoire qui commence dès l’antiquité.

Ce sont d’abord les prophètes, pour reprendre le titre de l’auteur, d’Ötzi à Boniface Rotario d’Asti et Conrad Gessner.

Le plus connu est peut-être, pour la première ascension du Mont Aiguille, Antoine de Ville qui gravit le « mont inaccessible » à la demande du roi Charles VIII.

Les monts sublimes

Déjà le XVIIIe siècle, pour une galerie de portraits européens qui rappellent le début du tourisme en montagne. Le Mont-Blanc tient bien sur une bonne place avec la présentation de Jacques Balmat et une avalanche en 1820.

L’âge d’or

C’est ce XIXe siècle durant lequel naît le métier de guide comme Christian Almer, Michel Croz. De grands noms sont restés célèbres de même que quelques compétitions pour le sommet comme au Wetterhorn. Claude Gardien met en avant l’année 1865 pour les nombreuses ascensions.

Alpinisme acrobatique

A la fin du XIXe siècle, le niveau de difficulté des ascensions progresse en glace comme sur le rocher : face nord de l’aiguille Verte, are de Peuterey au Mont-Blanc, dent du Géant, Dolomites

Les premières femmes parcourent la montagne comme Isabella Straton qui épousa son guide Jean-Estéril Charlet. C’est aussi les premières tentatives hors d’Europe : Au K2 en 1909.

Au début du XXe siècle l’alpinisme rejoint le sport, la compétition.

Le sesto grado

Sous ce titre, ce sont les notions d’extrême difficulté et d’engagement (ascension en solo avec Karl Blodig) qui sont évoquées avec en parallèle le développement de nouvelles techniques : crampons douze pointes de Grivel. Le portrait de Loulou Boulaz rappelle la place des femmes y compris dans les premières (cima Ovest di Lavaredo en 1935).

L’auteur effleure les tentatives de récupérations politiques à la veille de la deuxième guerre et de l’idéologieVoir Gravir les Alpes du XIXe siècle à nos jours, Patrick Clastres, Delphine Debons, Jean-François Pitteloup, Grégory Quin (dir.), Rennes/Lausanne, PUR/INUL, 2021 de l’alpinisme.

L’impitoyable assurance

Après des tentatives ratées avant-guerre en Himalaya, en 1950 le premier 8000 est vaincu : Annapurna par une expédition française très officiellement conduite par Maurice Herzog avnt que l’Everest ne le soit en 1953 par la cordée associant un Néo-Zélanadais et un Sherpa népalais dont l’auteur ne cite pas les noms.

Quelques grands de l’alpinisme surgissent des pages suivantes, plus ou moins connus du grand public : Georges Livanos, Walter Bonatti, Guido Magnone, Lucien Bérarfini, Lionel Terray.

1955 : un téléphérique qui change tout rappelle à la fois le développement du tourisme de masse et une nouvelle accessibilité les hauteurs pour des courses difficiles. Avec les années 1960 de nouvelles ambitions : faces nord hivernales, escalades en ligne directes (Drus), expéditions lointaines en style alpin (Jannu).

Toujours plus haut

C’est une liste à la Prévert qui fait se succéder les premières ascensions en Patagonie, le goretex, des voies difficiles en Himalaya, de nouvelles techniques de glace ou en rocher, des réussites et des échecs.

Place aux jeunes

Claude Gardien qui a publié en 2018 Les nouveaux alpinistes, évoque la fin du XXe siècle avec des portraits : Christophe Profit, Catherine Destivelle, Lynn Hill ouPatrick Berhault quelques réalisations en Himalaya et des records de vitesse.

Un avenir en forme de ?

Avec les changements climatiques la pratique de la montagne va devoir évoluer. Mais malgré l’écroulement des Drus, l’auteur préfère mettre en lumière quelques femmes alpinistes et quelques réussites en Himalaya et terminant sur une hivernale au K2.

Plus qu’une histoire de l’alpinisme, le livre de Claude gardien est comme un album de famille dont on n’a gardé que les bons moments.