Chaque année paraît un « bilan raisonné, mais aussi chiffré et documenté de l’économie française », confié à l’Observatoire Français des Conjonctures Economiques.
Sous le titre « L’économie française 2009 » paraissent en réalité plusieurs contributions, nourries et coordonnées par Eric Heyer.
« L’économie française 2009 »
OFCE (Observatoire Français des Conjonctures Economiques)
Sous la coordination d’ Eric HEYER
Editions La Découverte, collection Repères
Paris, 2008

Compte-rendu proposé par Gérard Buono
Lycée Soult, Mazamet
Université UFC Champollion, Albi

La collection « Repères » des éditions La Découverte est bien connue pour la qualité des synthèses qu’elle offre à tous les étudiants et enseignants. Dans un format de poche, en 128 pages, elle a fait le choix de proposer des synthèses ramassées mais consistantes, confiées à des spécialistes reconnus. Depuis 25 ans, une somme de titres, dans des champs de recherche qui peuvent directement nous intéresser (économie et sociologie surtout), abordent des thèmes, comme par exemple la mondialisation, que tous les professeurs d’histoire et de géographie ont à traiter.

Chaque année paraît un « bilan raisonné, mais aussi chiffré et documenté de l’économie française », confié à l’Observatoire Français des Conjonctures Economiques. L’OFCE est un organisme d’observation et de recherche en économie, qui a pour vocation d’animer la réflexion sur la conjoncture et sur les prévisions, pour les économies françaises et étrangères. Fondé en 1981, par une convention entre les services du premier ministre et la fondation Nationale des Sciences politiques, il publie une Revue trimestrielle et une Lettre mensuelle, et alimente le portail bien connu de l’ENS en contributions diverses (textes, tableaux, dossiers) .
Sous le titre « L’économie française 2009 » paraissent en réalité plusieurs contributions, nourries et coordonnées par Eric Heyer. C’est lui qui introduit la première partie de l’ouvrage (« Historique et prospective ») par une analyse de la situation conjoncturelle (« menaces sur la croissance » : les derniers développements confirment le pronostic…). Une deuxième analyse permet de prendre un recul salutaire puisqu’elle dresse en une douzaine de pages un bilan de cinquante ans d’économie française, avec une mise en perspective avec l’Europe et les Etats-Unis.

Une seconde partie (« Analyse macroéconomique ») réunit trois contributions de grande utilité pour notre enseignement : sur la place de l’Etat dans l’économie, sur l’emploi et le chômage (là aussi avec des comparaisons très utiles avec des pays voisins, et encore sur les mutations du tissu productif en France. Si la question de la profitabilité des entreprises, de la part de l’autofinancement ou de l’endettement brut des entreprises n’est pas absolument centrale dans nos préoccupations d’enseignants en histoire-géographie, de nombreux apports sont d’un intérêt direct pour nos mises à jour : l’ouverture mondiale de l’économie française, les partenaires commerciaux, les mutations de l’appareil industriel, etc.

La troisième partie de l’ouvrage (Dossiers thématiques) est extrêmement utile et stimulante, dans la mesure où elle contient plusieurs textes courts (moins de dix pages pour chacun), très ciblés, et qui prennent à bras le corps des questions importantes du moment, aux enjeux majeurs, en proposant un point de vue économique, là où le débat politique substitue souvent la polémique pure à la réflexion argumentée.
L’importance des questions traitées est tellement évidente, au cœur de l’actualité sociale et politique, que la lecture de ces textes concernera chacun d’entre nous.
Qu’on en juge, cinq textes successifs :

*sur la réforme des retraites : « les rendez-vous de 2008 ».

*sur le paquet fiscal et la défiscalisation des heures supplémentaires : «
un premier bilan ».

*sur le Grenelle de l’environnement : « vers une nouvelle fiscalité écologique ? ».

*sur le remplacement du RMI par le RSA : « entre incitation et redistribution ».

*sur conséquences macroéconomiques de la crise financière : « la finance mondiale discréditée ».

A l’arrivée, l’ensemble des contributions répond donc bien aux objectifs retenus par la collection. « L’économie française 2009 » présente donc un état de la conjoncture, en abordant les principales tendances et les grands problèmes du moment. L’urgence d’un état des lieux de ces questions est devenue encore plus évidente avec les derniers développements de la planète financière, et leurs répercussions actuelles et à venir sur l’ « économie réelle ». Mais l’ouvrage ne se limite pas à ça : il dresse un bilan raisonné et cohérent du fonctionnement global de l’économie française dans le contexte international, et pose des questions vitales sur le modèle social français, ses fondements et ses perspectives.

Comme toute la collection « Repères », cette parution présente des points forts évidents. Profondément remaniée, l’édition 2009 fait une part importante à des thématiques que la crise financière internationale a imposé. Elle conserve les qualités des éditions antérieures : analyse détaillée, appuyée sur de nombreux graphiques et tableaux, textes concis mais riches, nombreuses références bibliographiques, et même une liste de sites web de bases de données comparant la France à ses principaux partenaires. Bien sûr, cet outil excellemment documenté, qui présente les qualités d’une synthèse, suscitera des critiques sur le fond, selon les positions idéologiques de chacun. On se doute bien que l’OFCE n’est pas destinée à favoriser la prise de parole des économistes les plus critiques pour le libéralisme. Bien sûr aussi, la dimension territoriale des analyses n’est pas très développée (aucune carte, très peu de pistes vers des aspects spatiaux), et il nous faut chercher les ponts vers la géographie que nous enseignons.
Mais en l’état, c’est un ouvrage commode, d’une utilité évidente pour nos enseignements (on pense à l’ECJS) et pour notre propre formation personnelle, que nos collègues de SES connaissent sûrement bien, et qui a sa place, à renouveler chaque année, dans tous les CDI, mais aussi dans nos propres bibliothèques (d’autant qu’il est annoncé à un coût très accessible de 8,50 euros).

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