La première émission, 50 ans d’Union européenne, est l’occasion de rappeler la génèse de cette organisation, les étapes de sa construction, insistant sur le succès, mais établissant un constat de crise traversée actuellement par l’Union: Crise institutionnelle, crise de légitimité démocratique, gestion de la suite de l’élargissement. L’étalement géographique est prévu, à terme, notamment vers certains états balkaniques tels que la Croatie, mais reste le cas turc. Objet de la seconde émission, l’entrée de la Turquie dans l’UE a ses adversaires et ses partisans. Les deux groupes utilisent des arguments géographiques, économiques, religieux, listés par les auteurs, pour appuyer ou freiner son adhésion.
Faut-il encore digérer les nouveaux entrants? Un point sur La Roumanie s’attache à présenter un pays encore peu connu. Avec celle de la Bulgarie, l’élargissement vers la Roumanie pose la question du bon moment, du bon timing d’une adhésion. Ce pays est dans une phase transitionnelle. son économie est en pleine expansion mais agriculture et industrie peu modernes constituent encore les bases de celles-ci. Dans le même temps, à l’échelle de l’Union, tous les indicateurs placent la Roumanie en queue de peloton et loin derrière les autres. Et si on ajoute la corruption endémique et le retard législatif, on est en droit de se demander, ce que fait Jean-Christophe Victor, si l’Europe n’a pas sacrifié ses exigences à l’intégration au profit d’un l’élargissement rapide.
La croissance externe ne peut faire oublier les difficultés internes.
Trois émissions y sont consacrées: deux thématiques et un focus sur la Belgique.
L’Europe agricole, une nécessité, revient sur le poids de la PAC et sur ses résultats mais avec l’élargissement vers l’Est, la PAC a dû gérer deux types d’agriculture et des états ont craint un envol des dépenses au moment où la politique agricole subit plus violemment les critiques de l’OMC et du groupe de Cairns.
A l’heure des alarmes climatiques, la question des transports durables devient centrale. Le trafic routier, celui des camions, ne cesse d’augmenter, victime de ses qualités mais pollution et engorgement ne sont plus compatibles avec les politiques de développement durable. Des alternatives existent: le regroupement des centres de production, la mise sur bateau des camions, le transport fluvial, le ferroutage. Malgré les critiques (leurs coûts, leur lenteur, leur manque de régularité), ne pas envisager sérieusement de développer ces modes alternatifs est une vue à court terme.
Où va la Belgique? Vers l’éclatement comme le laisse à penser le titre de l’émission? Si l’on suit le commentaire, il ne reste plus que le roi et les Diables Rouges pour réunir Flamands et Wallons. Mais si la désunion est forte, la séparation ne sera pas simple si elle advient: Quelles frontières, Que faire de Bruxelles?
Politique extérieure et relations de voisinage sont étudiées dans le cadre de plusieurs émissions.
A l’Est, les relations avec la Russie sont dominées par la question énergétique. Le gazoduc sous la Baltique, lancés conjointement par Russie et Allemagne, profitant des relations étroites Schroeder/Poutine, répond des deux côtés à des enjeux majeurs: l’approvisionnement régulier côté allemand, l’accès aux marchés de l’Union coté russe. Seulement, ces tubes ne font pas l’unanimité dans l’UE, les uns critiquant le risque d’une dépendance accrûe vis-à-vis de la Russie, le coût du projet, les autres (les Baltes, les Polonais) y voyant un outil de déstabilisation russe. Dernier état à avoir déclaré son indépendance, le Kosovo pose lui aussi des questions à l’UE: faut-il accepter des découpages ethniques ouvrant la voie à de possibles revendications en d’autres points du continent européen? L’UE parviendra-t-elle à faire émerger un état de droit au Kosovo?
Au Sud, le lancement de l’UPM ouvre la voie à une approche plus pragmatique des relations entre les deux rives de la Méditerranée mais n’empêche pas les uns et les autres d’être sceptiques suite à l’échec du processus de Barcelone. Parmi les projets évoqués, des initiatives dans le domaine migratoire sont envisagées, dans le sens d’une immigration choisié côté Nord, notamment Français. Or, les membres de l’UE doivent faire face à un vieillissement évident et au recul programmé, et déjà commencé pour certains, de leur population. Les politiques actuelles répondent pour l’équipe de LEPAC à des impératifs de politiques politiciennes alimentant les réflexes xénophobes sans répondre aux besoins de l’économie présents et futurs, sans prendre en compte non plus la relation économie dynamique/fort solde migratoire observée dans plusieurs pays.
Alors l’Europe, un modèle géopolitique?
Oui pour les auteurs, mais un modèle, qui face aux mutations internes et externes, qui est dans une phase d’adaptation lente et qui doit préciser ses limites et ses objectifs.
Copyright Clionautes