« Population & Avenir, revue indépendante alliant rigueur et pédagogie, vous présente une analyse originale des enjeux actuels. Vous y trouverez une source d’informations, de réflexions et d’argumentaires amplement illustrés par des cartes, des graphiques, des tableaux, des schémas… »
ÉDITORIAL par Gérard-François DUMONT
LES MÉTROPOLES DEVRONT-ELLES SUBIR UN CONTRÔLE ANTI-DOPAGE ?

L’auteur se demande si l’attractivité des métropoles est endogène ou exogène. Profitent-elles surtout d’avantages financiers et règlementaires accordés par l’État ? Sont-elles le produit d’un dopage institutionnel, source d’une concurrence déloyale avec les territoires moins peuplés ?

En 2010, en 2014 puis en 2017, 22 villes ont obtenu le statut de métropole. Elles reçoivent par habitant des dotations financières pouvant être jusqu’à trois fois plus élevées que pour les collectivités territoriales les moins peuplées. Grâce à la fusion des régions, elles attirent encore davantage les services administratifs fusionnés mais aussi les services régionaux des entreprises. Les effets de cette métropolisation sont donc cumulatifs, aux dépends souvent des autres aires urbaines et des espaces ruraux.

 

DOSSIER par Gwénaël DORÉ
GÉOGRAPHIE INÉGALITAIRE DES SERVICES PUBLICS ET AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Les services publics sont des activités exercées directement par une autorité publique, donc par l’État, une collectivité territoriale ou sous leur contrôle, dans le but de satisfaire un besoin d’intérêt général. Clairement, la France connaît une rétraction du nombre de services publics : baisse de 24% du nombre d’écoles, de 36% des bureaux de poste, de 31% des perceptions, de 13% des gendarmeries, de 28% des gares ferroviaires, de 48% des maternités, de 4% des hôpitaux entre 1980 et 2013. 744 km de « petites lignes » ferroviaires ont été également été supprimées entre 2011 et 2018. Le cas des hôpitaux est symptomatique. Des critères de seuil d’activité ont été appliqués plutôt que de distance d’accès, notamment pour l’obstétrique. Le nombre de femmes vivant à plus de 45 minutes d’une maternité a doublé entre 1997 et 2019.

Peut-on alors parler de « déménagement du territoire » ? On constate un effet « boule de neige » ou « domino » de la fermeture des services publics dans les territoires concernés. Certaines petites et moyennes villes sont ainsi qualifiées de « villes martyres ». Par exemple Joigny, dans l’Yonne a vu disparaitre deux tribunaux, son site militaire, son service de chirurgie et sa maternité. Ces fermetures entraînent souvent le départ de familles, mettant en difficultés d’autres services publics comme les écoles et touchant en même temps le tissu économique local. Ce processus souvent irréversible provoque un sentiment d’abandon, de délaissement du territoire. De plus, l’inégal accès à la mobilité n’est pas toujours comblé par la dématérialisation des services publics, confrontée parfois à une insuffisance de la couverture numérique et aussi à la faible appétence des personnes les plus âgées aux nouvelles technologies.

Les Maisons de Services Publics, espaces mutualisés de services publics, peuvent apparaître comme une solution. Emmanuel MACRON y voit « un lieu où sont regroupés dans chaque canton les services de l’État et tous les opérateurs ». Elles devront être accessibles à « moins de 30 mn de voiture » sous le nouveau nom de « France services ».

 

DOCUMENT PÉDAGOGIQUE (libre de droits)
FRANCE : L’ÉVOLUTION DES SERVICES PUBLICS ET LA RECHERCHE DE MUTUALISATION

 

EXERCICE PÉDAGOGIQUE par Alexandre DUCHESNE
DE L’URSS À LA RUSSIE : DÉCLIN ET RENAISSANCE D’UNE PUISSANCE

Cette proposition de séquence s’intègre dans le thème 2 « Analyser les dynamiques des puissances internationales » du nouveau programme de la spécialité « histoire, géographie, géopolitique et sciences politiques » au lycée. La parcours du monde soviétique, puis russe, y constitue un « jalon ». Cet exemple permet de comprendre comment une puissance peut s’affaisser, puis renaître.

Dans un premier temps, les élèves doivent réaliser un exposé problématisé sur l’accident nucléaire de Tchernobyl, vu comme un révélateur et un accélérateur du déclin de la puissance soviétique, à partir de l’étude de plusieurs documents. Dans un deuxième temps, les élèves doivent réaliser une revue de presse pour questionner la notion de puissance, dans la Russie actuelle de Vladimir Poutine.

L’enseignement de spécialité apparaît donc ici comme un cadre intéressant pour varier les pratiques pédagogiques et travailler sur des compétences réutilisables dans l’enseignement supérieur : travaux en groupes, travaux de recherches, développement de l’autonomie…

 

LE POINT SUR…par Jean-Paul SARDON
LA POPULATION DES CONTINENTS ET DES ÉTATS EN 2019 : DONNÉES ET ANALYSES

Les statistiques mondiales de population de tous les États sont présentées par continents et cous-continents.

La population a progressé de 70 millions d’habitants en un an. C’est toujours l’Asie qui enregistre la croissance la plus forte (+51 millions d’habitants), alors que l’Europe stagne (+1 million). Les écarts sont aussi considérables pour l’indice de fécondité entre les 5,7 enfants par femme en Afrique centrale et le 1,3 enfant par femme en Europe. Il est noté que 93 pays ne remplacent pas leurs générations. Seules l’Afrique et l’Océanie assurent leur remplacement. Enfin les données d’espérance de vie ont été révisées : +4 ans par exemple pour la Côte d’Ivoire.

 

ANALYSE par Raymond WOESSNER
LE CONFLIT SANS FIN SUR LE PROJET DE CANAL RHIN-RHÔNE

Les grands projets d’infrastructure sont à la peine et sont au centre des débats entre acteurs spatiaux soucieux de développer leur territoire et ceux souhaitant un développement plus durable, prenant davantage en compte les enjeux environnementaux. Le canal Rhin-Rhône en est un exemple.

Le transport fluvial est reparti de l’avant avec la conteneurisation et la nécessité de désencombrer les grands ports maritimes avec la création de ports d’arrière-pays. Dans ce cadre, l’axe rhénan prolongé par la vallée du Rhône a été mis au centre d’une intégration européenne par les flux de transport. Mais dans un contexte fondé sur la rationalité de l’économie des transports, un réseau efficace de fret ferroviaire serait moins coûteux à mettre en œuvre que de grands travaux fluviaux entre Rhin et Rhône, malgré les atouts de la voie d’eau à grand gabarit, dont un faible bilan carbone.