Une belle aventure, ça peut débuter par de grands récits épiques. Et ceux que le chevalier Kelton d’Eldergard narrent à son écuyer sont haut en couleur. Un chevalier, dans les récits, ça se doit également d’être fort et celui-ci ne déroge pas à la règle. Et à sa force, il adjoint un bon degré de bêtise, n’hésitant pas à énoncer fièrement que « réfléchir, c’est une perte de temps ».

Son écuyer (il n’a pas d’autre nom), en revanche, est un jeune garçon qui associe esprit de déduction et amour des livres.

Lorsque chemin faisant ils arrivent à Bridgetown (cité portant fort mal son nom, son unique pont ayant été détruit), ils découvrent un village mort, dont les habitants vivent terrés dans leurs demeures.

C’est que Bridgetown subit une terrible malédiction. La cité, fondée par le sorcier Elden Augerhand, vit désormais sous la menace permanente d’un dragon. Il n’en faut guère plus pour que le chevalier Kelton, toujours aussi épiméthéen, fonce combattre le terrible saurien. Mais il est parfois nécessaire de réfléchir et d’aller au-delà de la surface des choses. Le terrible dragon est-il responsable de tous ces malheurs ? C’est à une fine enquête que va se livrer l’écuyer pour découvrir les causes des désastres qui frappent Bridgetown…

Scott Chandler, avec beaucoup d’humour et un dessin des plus agréables, offre un beau récit oscillant entre l’enquête policière et l’Héroic Fantasy. L’auteur cite, parmi ses influences, Donjons&Dragons et dit avoir réalisé son dragon selon un savant mélange d’images mêlant un caïman noir, un Martin-pêcheur d’Amérique et l’acteur Bill Murray. On ne peut s’empêcher d’y voir également un petit peu de Smaug trônant sur son tas d’or.

L’écuyer et son chevalier est un bel appel à aimer les livres et la réflexion, et il s’adresse tout autant à une jeune public qu’à un public plus averti.