Selon l’Unicef on compte 250 à 300 000 enfants soldats, cette réalité condamnée par la communauté internationale a pourtant une longue histoire. Les auteurs: historiens, sociologues, psychologues ont choisi de mettre l’accent sur l’époque contemporaine à l’aide d’une lecture critique des témoignages comme de la littérature ou du cinéma. Une série d’étude de cas offre des éléments de réflexion, de compréhension d’un phénomène complexe que l’image de l’enfant africain à la kalachnikov qui fait la Une des journaux.
Les auteurs préfèrent le qualificatif d’adolescents-combattants, plus proche de la réalité à celui ambigu d’enfant-soldat.
Guerres du XIXème siècle: l’enfant combattant légitime?
Cette première partie fonde une réalité sociale et politique à partir de trois exemples : la révolution du Rio de la Plata, la guerre de Sécession et la Commune. Analyse des sources, age des enfants-adolescents, contexte et réalité de leur engagement. Si dans les révolutions sur-américaines on peut parler de militarisation de la société et de l’éducation, dans les trois cas l’adhésion idéologique est importante et l’engagement perçu comme un rite de passage vers l’age adulte, une vision romantique de la guerre que remise en cause par la réalité des combats. Après la Commune pour la première fois semble-t-il, la participation de très jeunes combattants est perçue comme anormale.
Enfants soldats et guerres mondiales: une légitimité en débat
C’est un moment particulier dans la construction de la figure de l’enfant-soldat, moitié héros, moitié martyr.
Si les jeunes engagés dans le premier conflit mondial ressemblent assez à leurs aînés du XIXème siècle par patriotisme la construction du souvenir dans les années 30 conduit à un sentiment pacifiste étranger à leur engagement.
La dernière armée d’Hitler permet de mesurer à la fois la force de l’idéologie des Jeunesses hitlériennes et du patriotisme prussien tant chez les jeunes filles que chez les garçons.
Conflits contemporains : enfant-soldat, enfant victime?
L’analyse de la production littéraire et cinématographique permet de montrer le poids des représentations occidentales: l’enfant est souvent montré comme victime mais aussi symptôme de la régression à l’état de nature de l’homme barbare, un discours appliqué à une Afrique « sauvage » par nature assez proche des clichés coloniaux. De nombreuses références fort utiles à l’enseignant qui voudrait proposer des lectures à ses élèves.
Trois exemples de la participation des adolescents à la guerre délibérément choisis hors d’Afrique: Le Népal dans les années 1996-2000 ou comment conjuguer les valeurs de l’idéologie maoïste et du bouddhisme; Comment le cinéma iranien confronté à la guerre Iran-Irak, gère les discours d’exaltation, les images du conflit face à la nécessaire acceptabilité par les parents de l’enrôlement des jeunes; dans le contexte de la guérilla au Nicaragua (1981-1987) le cas particulier des Indiens Miskitus filmés par Werner Herzog: « La Ballade du petit soldat ».
On peut retenir de cet ouvrage une phrase de la conclusion: « Le grand intérêt du croisement des sources, des époques et des conflits réside également dans la critique commune de la notion même d’enfant-soldat ».