Ibrahima Théo Lam est entrepreneur et consultant sur divers projets de développement. Il entend montrer l’importance des femmes dans le développement économique, actrices incontournables de la créativité et du bien-être des populations. Il s’appuie sur des interviews d’inégal intérêt dans 16 pays et cet ouvrage est à la fois un hommage aux femmes entrepreneures et une aide au développement de l’entrepreneuriat féminin en pointant les difficultés aux quelles elles sont confrontées.
Que peut-on retenir de cet ouvrage ? La place des femmes est très importante dans le secteur informel mais elles ont une capacité organisationnelle réelle acquise dans la gestion quotidienne de la famille qui vient compenser l’absence de formation, comme le montre l’interview de la gabonaise Charline Onewey (p. 44 et suiv.). Elles ont aussi des difficultés d’accès au financement. L’auteur insiste sur les obstacles culturels comme l’accord indispensable du mari, du père, de l’oncle pour entreprendre (interview de Bekoulloum Débat Mbaitoloum, Tchadienne (p 74-75).
L’activité économique des femmes est essentiellement à l’échelle très locale (petit commerce, petit artisanat, services) qui contribue au mieux être de la famille, du quartier ou du village même si les interviews montrent quelques exemples à l’échelle nationale voire internationale. Malgré tout il y a peu de statistiques pour comptabiliser cet apport des femmes à l’économie notamment leur contribution à l’autosuffisance alimentaire.
Si les revenus de leur activité servent souvent aux besoins vitaux de la famille, une petite formation : gestion, publicité, étude de marché serait profitable aux femmes entrepreneures. Très présentes dans la transformation des produits agricoles elles sont confrontées au manque d’emballages.
Revenant sur les contraintes culturelles qui peut aussi être le moteur de l’entreprise l’auteur présente une initiative originale le village des femmes Umoja au Kenya (p. 123 et suiv.). L’interview de Chancelle Assyongar Madjiressem met l’accent sur la relation entre l’éducation des filles et le développement (p. 139).
Le chapitre 6 en forme de lettre aux jeunes filles du continent africain leur propose des « modèles » notamment Aline Sitoe Diatta, connue au Sénégal pour sa résistance à l’autorité coloniale dans les années 1940 ou Rosa Parks, militante américaine pour les droits civiques, des inspiratrices plus contemporaines à travers cinq interviews.
L’auteur défend l’idée selon laquelle la valorisation des réussites des Africaines serait un réel moteur pour le développement.
Des extraits d’interviews pourraient tout à fait être utilisés dans un cours.