Organisé donc comme un journal avec des repères de jours, cet ouvrage comprend également quelques dates à la fin, des de contexte historique ainsi que quelques références de livres et des images. Le livre présente un petit côté « pages élimées » pour faire « plus vrai ».
Le héros, c’est Léon Dufresne jeune homme de la fin du XIXème siècle. Son histoire se déroule au moment de la construction de la tour Eiffel. Il arrive sur le chantier alors qu’il a déjà commencé.
Léon et sa famille
Léon est un peu l’homme de la famille depuis que son père est mort. Il a fait une chute, lui qui était couvreur. Sa mère est lingère et a un peu de mal à joindre les deux bouts. Léon a également une petite soeur, Augustine, qui lui est très attachée. Alors que Léon se réfugie souvent seul au grenier pour écrire son journal, elle fait tout pour le retenir, en lui demandant par exemple de l’aide pour l’école. On voit aussi un Monsieur Violet, qui a une bonne situation sociale, et qui ne semble pas indifférent au charme de la mère de Léon. Ce personnage apparait à intervalles réguliers dans le roman.
Léon le travailleur
Il commence comme simple ouvrier, mais il doit aussi aider parfois sa mère en allant livrer du linge, ce qui lui permet de rencontrer la fille de M Violet, Rose, à laquelle il n’est pas indifférent. On voit aussi Léon progresser dans la hiérarchie des ouvriers lorsqu’il rejoint l’équipe des monteurs. Cependant, tout n’est pas idéal et il est laissé à l’écart du groupe déjà constitué.
On le voit donc évoluer à la fois par le regard de sa mère qui relève sa transformation physique en constatant combien il est devenu fort (page 61) ou à la fin quand lui-même analyse son parcours page 142. On suit avec intérêt son chemin et on tremble lorsqu’il chute, heureusement sans gravité. Le livre donne à voir le monde du travail de l’époque. Il ne réduit pas les ouvriers à une seule catégorie. Le roman met en scène ceux qu’on appelle les ramoneurs, ou monteurs, c’est à dire ceux qui travaillent en l’air et qui forment un groupe à part.
La tour Eiffel : quel chantier !
On découvre aussi le problème des délais pour une telle entreprise. Les moments de tension existent et Dominique Joly retrace deux épisodes de grèves. La mère de Léon dit d’ailleurs à Léon de ne pas se mêler de tout cela et elle se méfie des syndicats. On trouve quelques descriptions techniques, mais pas trop, sur la réalité de ce travail. Ainsi page 28 : « Il était en train d’expliquer avec de grands gestes comment il fallait s’y prendre pour réceptionner la poutrelle, la décrocher de la grue et la porter à l’endroit où elle devait être rangée selon sa dimension et son numéro d’ordre. »
A quelques reprises dans le livre, on rencontre la figure de Gustave Eiffel comme lorsqu’il vient voir l’état d’avancement du chantier page 66. L’auteure décrit aussi le jour de paie qui se termine d’ailleurs par une première gueule de bois pour Léon. Le livre évoque également la galerie des machines, car il faut se rappeler que la tour Eiffel n’était que la principale attraction de cet ensemble construit à l’occasion de l’exposition universelle de 1889. A la page 138, on lira une description de la tour au moment de son inauguration. Dominique Joly glisse alors le fait qu’un journal était alors imprimé à cet endroit et que le concepteur de la tour possédait un appartement dedans.
Un petit air de la fin du XIXème siècle
En plus des éléments liés au travail, la vie quotidienne se ressent par de multiples détails. Ainsi, on perçoit l’importance d’un métier comme forgeron, car chez l’un d’eux, Léon apprend les rudiments du métier. A un autre moment du livre Léon emmène sa petite soeur découvrir les grands magasins. Au chapitre des distractions et loisirs, on découvre aussi la fête foraine. Pour des aspects plus politiques, on peut relever quelques mentions au général Boulanger. Elles ne sont pas développées, comme on peut l’imaginer pour le journal d’un enfant adolescent de l’époque. Dominique Joly glisse aussi quelques lignes sur les protestations des artistes contre la tour Eiffel.
Au total, ce qui plait aux jeunes lecteurs, c’est ce mélange de grands événements et de quotidien. C’est aussi ce souci de réalisme qui ne fait pas de la vie de Léon un long fleuve tranquille. On ne parle pas non plus que de la tour Eiffel, et on découvre donc à quoi pouvait ressembler la vie quotidienne de l’époque. Un épilogue d’une page dit ce qu’il est advenu de Léon, une fois adulte.
© Jean-Pierre Costille, Clionautes, avec l’aide de Clara