Le représentant français de la géographie sociale signe ici une introduction à cette branche de la géographie dont l’objet est « l’étude des rapports existant entre rapports sociaux et rapports spatiaux » (JB. Racine, 1986). « La géographie sociale traite donc, conjointement, de l’espace et de la société. Elle n’établit pas de préséance de l’un ou de l’une sur l’autre, puisque les objets qu’elle prend en compte se confondent avec les phénomènes résultant de l’interaction constante et fusionnelle de rapports sociaux et spatiaux, tous de nature sociale. » (p. 8). Si toutes les échelles peuvent être retenues pour comprendre l’entrecroisement des rapports sociaux et spatiaux, la perception que les personnes ont d’un espace est aussi centrale dans cette démarche. Pour autant, la géographie sociale s’efforce de proposer des méthodes de conceptualisation et d’analyse des espaces et des lieux.

Aussi, Guy Di Méo, après avoir présenté la généalogie de la géographie sociale, en expose les objectifs et les méthodes avant d’examiner la spatialité des rapports sociaux, la production des formes de l’espace et les ajustements sociaux des acteurs avec celui-ci. Les développements consacrés dans le chapitre 3 (Espaces, temps, acteurs….) à l’espace du monde vécu, à l’espace géographique cartésien et à l’espace produit social comme aux acteurs sont lumineux. On retiendra, notamment, le système d’interactions proposé p. 78 faisant le lien entre sujet – société – espace ainsi que les paragraphes consacrés à l’identité (p. 93). « Ce qui compte pour l’individu, ce sont les relations tissées entre ces lieux, le sens qu’ils prennent à ses yeux, les uns par rapport aux autres. De fait, l’identité a pour objet de fabriquer une continuité temporelle du sujet. Or, celle-ci ne saurait ignorer les contraintes spatiales. L’individu, en s’identifiant, doit s’inscrire également dans une cohérence de la territorialité : donner du sens à ce qui l’entoure, à la continuité comme aux discontinuités géographiques ; celles qui le séparent, par exemple, des êtres chers. »

Si l’éditeur considère la collection Cursus comme accessible aux étudiants de Licence, il y a fort à parier que le niveau de difficulté du texte décourage des débutants. Cet ouvrage est d’abord et avant tout un ouvrage d’épistémologie, même si des encadrés ponctuent le texte pour proposer des exemples. La présentation des MSI (Métastructures Spatiales Individuelles), ensembles de schèmes mentaux propres à chaque individu, comme de la FSS (Formation Socio-Spatiale reposant sur quatre instances : géographique, économique, politique et idéologique) demeure compliquée à suivre malgré leur application pratique aux départements aquitains.

Catherine Didier-Fèvre © Les Clionautes