Après la sortie de la réédition de la biographie de Michel-Ange par Marcel Brion, c’est l’autre grande figure de la Renaissance italienne qui est au coeur des sorties en librairie. Homme à tout faire, inventeur et artiste hors du commun, Léonard de Vinci est un personnage à la fois connu et fantasmé. Les anecdotes fleurissent, tout comme les mythes et les légendes et il est difficile de discerner le vrai du faux.
Jean-Yves Boriaud tente ici de retracer le parcours mouvementé de Léonard. On peut regrouper les 19 chapitres que composent cet ouvrage en quelques grandes thématiques. Tout d’abord, le chemin entre Florence et Milan. De la formation dans l’atelier de Verrochio à la cour des Sforza, Léonard se forge déjà une réputation, un caractère, des jalousies.
Ensuite, à Milan, Léonard semble vouloir se poser quelque peu. Il se forme aux techniques les plus pointues en mécanique, aux sciences, à l’anatomie, à la politique. Tout cela dans un contexte très troublé en Italie, que lui-même subit à travers les tentatives d’attraction des principales cours ducales de la péninsule. Cependant, son esprit n’est jamais satisfait et déjà apparaissent ses œuvres non finies, ses colères et une tendance à l’isolement.
Puis, le séjour à Rome, entre plusieurs papes, et la fuite vers la France, avec un Léonard attiré par ce jeune roi de France, brillant et ouvert à la culture humaniste. Avec l’âge, le mouvement, les tribulations, l’artiste est toujours plus insatisfait mais encore créatif, suscitant l’admiration de François Ier.
Pour réaliser ce découpage, Jean-Yves Boriaud s’appuie et met en avant, les nombreuses sources que lesquelles il a travaillé, notamment les écrits de Léonard en eux-mêmes. La somme d’écrit semble considérable et c’est un travail minutieux qui a été entrepris. De nombreuses parts d’ombre restaient et l’historien nous permet de les découvrir.
Enfin, l’auteur nous propose plusieurs chapitres traitant de la postérité de Léonard de Vinci, à la fois des œuvres et de l’homme. Très intéressantes mises en perspective de cet héritage, que des artistes, des pays, des scientifiques de tout horizon essaient de s’approprier et de déchiffrer.
Pour conclure, l’objectif de rentrer dans la vie de Léonard est une réussite. Le texte est vivant et précis, la présentation soignée, le découpage chronologique pertinent et la mise en perspective prenante. L’auteur nous livre un ouvrage de référence, très agréable à lire. Il est vivement recommandé au plus grand nombre car Léonard de Vinci ne peut laisser personne indifférent.
Présentation de l’ouvrage sur le site de l’éditeur
Lorsque l’on aborde la vie de Léonard de Vinci, deux écueils sont à éviter : placer l’artiste au-dessus de la condition humaine et en faire une sorte de génie aussi énigmatique qu’impénétrable ou, au contraire, réduire son existence à quelques épisodes incertains voire fantasmés de sa vie privée – comme sa prétendue sexualité débridée.
Loin des idées reçues et légendes tenaces, cet ouvrage nous invite à emprunter le véritable parcours de Léonard, du petit village toscan de Vinci dans lequel il naît en 1452, à Amboise, en France, où il s’éteint en 1519. Tout en suivant ses progrès dans les nombreuses disciplines auxquelles il s’essaye (dessin, peinture, bronze, architecture, mathématiques, etc.), nous voyageons au cœur de l’Italie renaissante : nous découvrons l’atelier de Verrocchio, à Florence, dans lequel le jeune peintre fait ses armes ; nous visitons Milan, où il se met au service de la puissante famille Sforza ; à Rome, nous rencontrons les Médicis (le pape Léon X et le duc de Nemours) qui admirent et protègent ce polymathe hors du commun ; enfin, dans la vallée de la Loire, à la cour de François Ier, nous revivons les dernières années du maître.
S’appuyant principalement sur des sources primaires – notamment les foisonnants Carnets du peintre –, Jean-Yves Boriaud se place ici en historien de l’art et analyse finement les conditions de réalisation des œuvres magistrales de Léonard (Cène, Joconde, Saint Jean-Baptiste, etc.), mais aussi l’histoire de ses nombreuses productions inachevées (cheval des Sforza, portrait d’Isabelle d’Este…). Ainsi, il parvient à nous offrir le premier portrait fidèle et authentique de cette figure emblématique de la Renaissance.
Présentation de l’auteur sur le site de l’éditeur
« Jean-Yves Boriaud, professeur émérite de langue et littérature latines à l’université de Nantes, spécialiste de la Rome renaissante, a publié Galilée et Histoire de Rome, et traduit des grands textes humanistes, dont les Lettres de vieillesse de Pétrarque, Le Prince et L’Art de la guerre de Machiavel. En 2015, il reçoit le prix Provins Moyen Age pour sa biographie de Machiavel. »