Dans ce récit autobiographique l’auteur nous invite à la suivre dès son enfance dans la formation traditionnelle, sa famille, sa lignée si importante pour tout africain. Son témoignage sur l’école française aux lendemains de la seconde guerre mondiale à Kedougou, au sud-est du pays montre d’emblée son anticolonialisme confirmé par une formation politique précoce dans le contexte de la conférence de Bandoeng, de la crise de 1956; de la guerre d’Indochine.
Les débuts du P.A.I sont difficiles, le récit très personnel et localisé nous renseigne sur le climat, les tensions quelques mois avant l’indépendance (en annexe le manifeste et les statuts du parti) alors même que l’auteur commence une carrière d’enseignant, un métier qui au Sénégal est souvent synonyme d’engagement militant actif dans la vie sociale et politique. Les querelles internes n’ont pas manqué lors du premier congrès comme dans les relations avec le B.M.S. (Bloc des Masses Sénégalaises).
Les premières années de l’indépendance sont marquées par l’échec de la Fédération du Mali et l’interdiction rapide du P.A.I.( les actes officiels sous Mamadou Dia et L. S. Senghor sont en annexe 2). L’auteur relate les débuts de la clandestinité de 1960 à 1964.
S’ouvre ensuite pour Sadio Camara une période particulière: formation à la guérilla à Cuba, lecture des ouvrages du grand frère soviétique qui l’amène à son retour a participé à ce qu’il nomme la « guérilla du Sénégal oriental » (1965). L’action semble plus guidée par l’emprise idéologique que par l’analyse de la réalité des forces politiques au Sénégal. Il raconte la vie quotidienne du « maquis »: camps clandestins, déplacements, base arrière au Mali, faiblesse des effectifs et surtout de l’armement, défections plus que trahisons. Un épisode qui parait dérisoire même si à l’évidence il fut très important pour les protagonistes portés par le mythe de la guérilla révolutionnaire
A partir de 1967 le parti cherche à se réorganiser: hésitations, oppositions entre militants, fuite vers le parti majoritaire U.P.S. (Union Progressiste Sénégalaise), place des syndicats et des mouvements étudiants. C’est l’occasion d’un témoignage sur la grogne face à L. S. Senghor à la fin des années 60.
1972-1981 malgré la maladie du principal leader Seydou Cissokho s’ouvre une période de lutte pour les libertés politiques, un récit marqué par les détails et un vocabulaire marxiste qui montre l’attachement de l’auteur à son parti. On peut regretter l’absence de précisions sur la situation économique et sociale du pays dans ces années qui se terminent avec le retrait de L. S. Senghor de la vie politique (dec 1980 démission au profit d’Abdou Diouf). L’auteur reste centré sur les évolutions de sa formation politique qui en mai 1981 devient le Parti de l’Indépendance Travail.
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