Cette excellente synthèse nous montre la difficulté très forte qu’a rencontré le sionisme pour s’implanter en France.
L’auteur analyse cette situation en 3 phases, de 1894 à 1922, les juifs de France malgré l’Affaire Dreyfus considèrent qu’ils sont intégrés depuis 1791, ils ne voient d’intérêt dans le sionisme que pour les populations juives fragilisées d’Europe de l’Est. La déclaration Balfour en 1917 est patronnée par les seuls juifs américains et anglais. Cette première phase correspond au temps du mépris du sionisme.
De 1922 à 1933, la situation évolue favorablement pour le sionisme. Il trouve des appuis dans le monde politique : Poincaré, Briand, Herriot, Painlevé et Blum créent le comité français des amis du sionisme. Il y a une solidarité avec les juifs de Palestine, en particulier lors des massacres de 1929, et un renouveau des associations juives de France comme les Eclaireurs Israëlites et l’U.U.J.J. qui regroupe la Jeunesse Juive. Cependant les sionistes ont du mal à s’organiser de 1925 à 1931.
Enfin, les années 1933 à 1940, avec la montée du nazisme et des Ligues en France, amènent un net basculement.
Une partie importante des juifs de France fait le constat de la faillite de l’assimilation, Léon Blum, en 1936, étant le symbole d’un rejet nationaliste qui répugne à l’idée de « mourir pour les juifs ».
Le sionisme devient alors une idée refuge pour l’avenir, jusqu’à l’écroulement de la République en juin 1940.
Ce livre a donc le mérite de tracer le portrait de leaders juifs sionistes ou antisionistes (comme Bernard Lazare), de démontrer l’évolution très nette de cette idée en France et de fournir aux professeurs d’histoire une synthèse efficace sur le monde juif de 1894 à 1940, en n’éludant pas les tensions entre juifs de France et juifs immigrés venus de Pologne, de Russie ou de Roumanie. A méditer en ces temps de réflexion sur l’identité nationale…
© Marc de Velder. 5/10/2010.