Le nouvel album de la collection « La sagesse des mythes » édité par Glénat, conduit le lecteur dans les profondeurs des enfers. Le royaume d’Hadès l’invisible nous est présenté par Clothilde Bruneau, pour le scénario, par Diego Oddi, pour les illustrations.
Pour parcourir le vaste domaine souterrain des enfers, il suffit de suivre un des seuls mortels, capable de ressortir de ce monde des morts, Ulysse.
Le héros est descendu sous terre pour consulter le devin Tirésias afin de connaître son destin, seule possibilité de retrouver son île d’Ithaque et sa famille.
Ainsi le lecteur est plongé au fond des enfers où se déploient les quatre fleuves, les eaux vénéneuses du Styx, la rivière du chagrin, l’Achéron et ses deux affluents : le Pyriphlégéthon et ses ondes de feu et le Cocyte, une rivière gelée où errent les âmes sans sépulture (son eau se compose des larmes de ceux qui se sont laissé emporter par l’hybris).
Puis se présente Charon, le nocher, qui moyennant finance, fait passer les âmes vers leur ultime destination sous la vigilance du gardien Cerbère, un chien à trois têtes effroyable, enchaîné à la porte de l’Achéron.
De nombreux montres animent le monde souterrain et partent punir les mortels sous les ordres des dieux : les harpies, des oiseaux à tête de femme, les érinyes qui attaquent les parricides comme Oreste, Ixion ou Œdipe.
Sous la direction de Minos assisté de Rhadamante et Eate, le tribunal des morts décide suivant le passé d’un mortel, où son âme finira pour l’éternité. Si sa vie n’a été ni particulièrement bonne, ni particulièrement mauvaise, il ira à la prairie d’Asphodèle. Mais si sa vie est mauvaise, il prendra la direction des plaines du châtiment, dans une région des enfers où les suppliciés sont punis éternellement pour leurs crimes. Parmi eux, Sisyphe qui pousse pour toujours son lourd rocher car il a trompé la mort, Tantale qui a défié les dieux, ou les danaïdes déversent inlassablement leur amphore dans un tonneau qu’elles ne parviendront jamais à remplir. Pour les âmes où la vie a été vertueuse, les Champs Élysées à la clarté permanente, sans froid, sans chaleur extrême offrent une existence de jeux, de danse. Dans l’Erèbe, près du fleuve de l’oubli Léthé, se dresse le palais d’Hadès. Là, l’invisible accueille celle qu’il a choisie, la fille de Déméter, Perséphone. La reine des enfers passe les deux tiers de l’année avec son époux.
« Parvenu à un certain niveau de sagesse, de mise en harmonie de soi avec l’harmonie du cosmos, l’être humain peut enfin comprendre que la mort n’existe pas. »
Selon le principe de la collection, « sagesse des mythes », un livret final présente la naissance du fils de Cronos et de Rhéa, puis son attribution du monde des enfers. Il précise également le rapport du monde grec à la finitude humaine. Selon Hannah Arendt, les Anciens envisageaient trois façons de tenter une victoire sur la mort : avoir une descendance ce qui s’inscrit dans le cycle éternel de la vie, accomplir des actes héroïques marquant son époque et penser en sage ou en philosophe qui voit la mort comme un passage.
Cet ouvrage aborde des notions peu connues sur les enfers. Son point fort est assurément le graphisme remarquable servi par des couleurs sublimées par les clairs obscurs. Vu le sujet traité, cet album s’adresse plutôt aux adolescents et aux adultes dans le cadre familial, que dans un établissement scolaire.