Les éditions «  Petit à petit » proposent des portraits de personnages et après Joseph Fourier, Jeanne d’Arc et Jules Verne notamment, c’est Sophie Germain qui fait l’objet de ce nouvel opus. Le principe est celui du docu-BD. Il alterne donc des passages dessinés puis une double page de documentaire. Le livre commence par quelques définitions mathématiques. Le livre est écrit en collaboration avec des mathématiciens.

Docu-BD

La double page documentaire reprend souvent plusieurs des aspects des pages dessinées. A chacun alors de trancher s’il trouve cela redondant ou si ce double regard lui plaît. En effet, le procédé se retrouve à plusieurs reprises dans l’ouvrage. Petit détail graphique également : au début du livre Sophie a treize ans mais la manière dont elle est dessinée la vieillit incontestablement.

Une famille politisée au cœur de la Révolution

Sophie Germain naît en 1776. Son père marchand prend part à la Révolution française, étant élu du Tiers-Etat.

Coup de foudre arithmétique

Jeune fille, Sophie lit et découvre les mathématiques. Elle est particulièrement frappée par le livre de Jean-Etienne Montucla. La Révolution française montrait un intérêt certain pour les mathématiques. Quant à la jeune fille, elle se penche sur la théorie des nombres.

Envers et contre tous

On mesure aussi que les femmes étaient mises à l’écart. Le père de Sophie essaye de la décourager de s’engager dans la voie des sciences mais, face à la détermination de sa fille, il renonce. Il faut dire qu’elle fait preuve d’une belle opiniâtreté n’hésitant pas à apprendre le latin afin de pouvoir traduire certains ouvrages. Elle s’intéresse notamment au théorème de Fermat qui n’a été démontré qu’en 1994.

Faux semblant

En 1795, l’Ecole Polytechnique est créée mais impossible pour elle d’y accéder. Rappelons que ce fut le cas jusqu’en 1972 ! Sophie Germain emprunte l’identité d’un garçon pour avoir la possibilité de récupérer les notes des cours. Cependant, les circonstances l’amènent à se dévoiler auprès d’un professeur qui voulait échanger avec elle, frappé par la pertinence de ses propos.

L’entrée en société

Ce passage est l’occasion d’évoquer l’importance des salons. C’étaient des lieux mixtes. Il faut aussi préciser qu’il existait alors une science pour les femmes et une pour les hommes. Sophie ne veut pas se contenter de la place qu’on lui assigne et au détour d’une conversation avec des mathématiciens, elle apprend l’existence des travaux de Gauss. Elle veut être reconnue comme une professionnelle. Prolongeant au-delà de son cas, les auteurs soulignent que de nombreux travaux de femmes mathématiciennes ont sans doute été perdus.

La révélation

Sophie Germain se lance dans une correspondance avec Gauss sur fond de conquêtes napoléoniennes à l’époque. Là encore, elle doit d’abord dissimuler sa véritable identité avant de se révéler.

Le concours de l’Académie

Après plusieurs tentatives infructueuses, elle réussit à recevoir un prix de la part de l’Académie mais elle ne se rend pas à la cérémonie prévue.

Amitié et adversité

Sophie Germain dut attendre 1823 pour pouvoir assister aux séances de l’Académie alors qu’elle y avait obtenu un prix ! Sacré paradoxe. Elle rencontre le mathématicien Libri qui jouera un rôle plus tard pour tenter de la sauver de l’oubli.

Crépuscule spirituel

Sophie Germain continue de travailler, par exemple sur les surfaces élastiques. La partie documentaire revient sur les liens entre Sophie Germain et la philosophie pour souligner que plusieurs penseurs de la fin du XIXe siècle considèrent avec intérêt ses travaux.

L’héritage de Sophie Germain  

Sophie Germain est morte en 1831 alors qu’elle avait à peine 55 ans. Son nom sombre alors dans l’oubli. Il faudra attendre 1879 pour que ses écrits soient publiés et commentés. A cette époque, et parfois longtemps encore après, des hommes parfois illustres par ailleurs livrent des phrases définitives sur les femmes et la science. Edmond de Goncourt déclarait ainsi : «  Il n’y a pas de femmes de génie ; lorsqu’elles sont des génies elles sont des hommes ». Rappelons aussi qu’il a fallu attendre 2014 pour qu’une femme reçoive, pour la première fois, la médaille Fields qui couronne des recherches en mathématiques.

Cette docu-BD permet donc de faire connaître et découvrir Sophie Germain. Resituée dans son époque, on mesure combien elle a dû batailler pour exister en tant que femme de science.

Pour aller plus loin, un film réalisé à l’occasion de la sortie de la bande-dessinée « Les Audaces de Sophie Germain » ainsi que les panneaux de l’exposition tous deux réalisés par l’Institut Fourier