Anne Puget, historienne, spécialiste du Moyen Age, propose en liaison avec Vincent Dutrait, illustrateur, un ouvrage consacré aux explorateurs dans une nouvelle collection chez Casterman. Celle-ci est à destination des 9-12 ans. On peut s’interroger sur ce qu’il est possible d’imaginer aujourd’hui en terme de nouveauté d’angle pour un ouvrage pour la jeunesse. Ce livre propose une déclinaison en trois temps.

Un cocktail entre des formes de récit

La réponse apportée ici tient en un mélange entre récit de fiction, bande dessinée et aspect documentaire. Le principe aussi est que la partie BD prend la suite de la partie récit qui entame chaque chapitre. Le tout se termine donc à chaque fois par une double page documentaire.
Le livre présente six explorateurs avec, à chaque fois donc, le même découpage après une double page qui présente en quelques lignes le personnage. Chaque explorateur a droit à une quinzaine de pages. Le thème choisi couvre une période large puisque l’on navigue entre Marco Polo et Amundsen. L’échantillon des personnages est assez classique. Il permet d’en savoir plus, outre ces deux explorateurs, sur Magellan, James Cook, Lewis et Clark, Livingstone.
Signalons dans la partie documentaire un éclairage original sur « et pendant ce temps là en France » : cela permet de mettre en regard les événements de la France et du monde.

De la fiction pour ancrer dans le réel

La partie fiction introduit des situations différentes, mais qui permettent toutes de mener au récit des aventures de l’explorateur. Ainsi, pour James Cook, on se situe au moment de son expédition qui avait pour but d’en savoir plus sur le transit de Vénus, phénomène scientifique qui passionna à l’époque. Pour Magellan, on se trouve sur le bateau au moment où l’équipage approche du détroit qui portera ensuite le nom de l’explorateur. Ces entrées, « in media res », évitent habilement l’obstacle de la biographie intégrale. Quant à Livingstone, c’est à travers le récit de sa fille Agnès qu’on le découvre. On se situe au moment où elle présente le résultat de la transcription des carnets de voyage de son père. Au passage, l’auteure souligne que l’explorateur eut droit à des funérailles à l’abbaye de Westminster.

Des raccourcis et un manque de cartes

Cet ensemble attrayant est marqué par quelques manques. Ainsi, on pourra déplorer l’absence de cartes pour localiser ne serait-ce qu’un minimum tous ces voyages et découvertes. On navigue quand même sur des territoires nombreux et à des échelles différentes. On pourra regretter aussi quelques raccourcis historiques comme celui qui présente Magellan en ces termes : « il n’entreprend pas moins que d’accomplir la première circumnavigation ». Des livres et notamment celui récent intitulé « Sur la route de Colomb et Magellan », remettent en cause cette idée en précisant bien que Magellan partit avant tout pour les épices.
Le prix de l’ouvrage est peut-être aussi un peu élevé.

On en apprend !

Les informations ne sont pas cantonnées à la partie documentaire. On en apprend sur les explorateurs à la fois dans le récit, la bande dessinée et évidemment la partie documentaire. Le récit de fiction et la bande dessinée ne sont donc pas des alibis pour passer le temps et les pages. Les mots compliqués sont définis par un astérisque, y compris au sein de la bande dessinée.
Parmi les éléments frappants que l’on pourra retenir de la partie documentaire, signalons les 1460 lieues parcourues par Magellan, les dessins réalisés par Parkinson lors de l’expédition de James Cook ou encore les 50 000 kilomètres parcourus par Livingstone. Pour Amundsen, on apprendra peut-être que la goélette sur laquelle il s’embarqua s’appelait le Fram c’est-à-dire « En avant ! ».

Lewis et Clark : deux héros américains

Il s’agit parmi le panel des six explorateurs de ceux qui sont sans doute les moins connus. Rappelons qu’ils partirent de Saint Louis en 1804. Leur mission était de trouver une voie navigable vers le Pacifique. Ils s’étaient embarqués avec 45 personnes et ont parcouru plus de 15 000 kilomètres à travers des paysages devenus des références comme celui de la rivière Yellowstone. Ils sont de retour deux ans plus tard après de multiples épreuves. Ils furent accueillis comme des héros d’autant qu’on les croyait morts !

Au total, voici une nouvelle collection qui a le mérite de proposer quelque chose de différent. Ici, pas de prolongement internet ou vers les « nouvelles » technologies, mais peu importe. Le mélange entre récit, bande dessinée et documentaire fonctionne plutôt bien.

(c) Clionautes