Une révolution à Rome entre 133 et 121 avt J.C. dont les sources sont à la fois littéraires et postérieures: Plutarque et Appien, une histoire passionnelle pour les Romains entre haine et adulation de Tibérius Gracchus, elle rompt les équilibres de la république romaine et a divisé les historiens dans leurs appréciations de l’événement.
Claude Nicolet, spécialiste de la Rome antique, des institutions et des idées politiques, décédé fin 2010 n’a pas vu cette réédition d’un des rares titres de la collection folio dédié à l’histoire antique. C’est en historien et aussi en militant républicain qu’il analyse la crise du second siècle avant J.C..

La saga trois siècles après

Dans cette très longue introduction l’auteur présente des deux sources disponibles. Plutarque dans les « Vies parallèles » au tome V nous livre un récit des vies de Tiberius et Caius Gracchus dont il détaille la carrière, les alliances et les luttes politiques.
Quant à l’œuvre d’Appien, « Histoire des guerres civiles de la république romaine » le texte vient compléter celui de Plutarque.

Crise italienne et lois agraires

La chute de Carthage a entraîné des modifications dans la société romaine en particulier la place des cultivateurs libres et l’apparition du latifundium qui pose au-delà des évolutions socio-économiques la question juridique de l’ager publicus.
Claude Nicolet rappelle les origines de la crise des lois agraires doublée d’une crise monétaire et urbaine. Ce contexte est indispensable pour comprendre les événements bien plus que l’ambition politique d’une factio retenue par de nombreux historiens.

Les Gracques et leur temps

Ce chapitre est consacré au climat politique instable depuis 150 avt J.C.: montée du tribunat, apparition d’un parti populaire opposé au Sénat. Cette situation explique ce que l’auteur appelle la « cristallisation » des aspirations de souveraineté populaire incarnée par Tiberius Gracchus.

Les stipulations de la loi agraire

C’est l’analyse de la loi destinée à limiter la taille des propriétés ainsi que le nombre de têtes de bétail. Elle fut précédée des diverses tentatives qui annoncent le texte de Tiberius Gracchus détaillé ici à l’aide des sources disponibles : Plutarque, Appien mais aussi Cicéron.

Pourquoi Tibérius Gracchus ?

A partir des auteurs anciens Claude Nicolet développe les arguments de Tiberius Gracchus : méfaits de l’esclavage, motifs patriotiques, devoirs civiques, droit et droits moraux inspirés des philosophes. Il voit en l’aîné des Gracques l’incarnation d’une passion de la justice sociale.

Qu’est-ce que Caius Gracchus?

Ce 5eme chapitre est consacré à l’œuvre du cadet, sans doute plus politique que son frère. Les lois proposées sont plus étendues dans le domaine économique mais aussi politique et juridique. Ce dernier aspect est au cœur du système destiné à déposséder le sénat des tribunaux criminels au profit de l’ordre équestre, institution à l’origine militaire et honorifique devenue un groupe social influent, une nouvelle hiérarchie sociale face aux sénateurs.

Sens d’une révolution

Claude Nicolet argumente son choix du mot révolution par cette période qu’il qualifie de révolution idéologique et morale malgré l’échec des Gracques.

On trouve en fin d’ouvrage quelques documents en annexe, une chronologie détaillée des événements entre 155 et 121 avt J.C. et une large bibliographie.