Beau livre d’histoire militaire médiévale.
Bien qu’ils soient une tradition vivante et bien établie dans l’historiographie anglo-saxonne, les ouvrages de vulgarisation consacrés à l’histoire-bataille sont bien moins reconnus en France, où cette production est généralement dépréciée et souvent ignorée. Dans ce contexte, la démarche initiée par les éditions Pierre de Taillac, en proposant l’adaptation française de ce volume publié en 2006 par des spécialistes britanniques, témoigne d’une approche éditoriale intéressante.

Ce sont vingt batailles décisives jalonnant cinq siècles d’histoire médiévale qu’il est possible de découvrir au fil de ces pages. Batailles rangées (Legnano, Bouvines, Legnica, Nicopolis), sièges majeurs (prises de Château-Gaillard et de Constantinople) et batailles navales (Malte, L’Écluse) se succèdent dans l’ordre chronologique. Y figurent deux des trois principaux désastres français de la Guerre de Cent Ans (Crécy et Azincourt, mais pas Poitiers). La dispersion géographique des grandes confrontations retenues témoigne d’un souci d’équilibre et d’exhaustivité, réunissant batailles d’Occident, batailles d’Orient et batailles entre Orient et Occident, auxquelles s’ajoutent des combats méconnus livrés en Europe orientale et septentrionale (Peïpous, Vitkov).

Le texte est d’une facture très classique, et met l’accent sur les péripéties militaires, les chefs de guerre et les armements utilisés. Le point fort de ce volume est sa maquette agréable et très accessible, qui le classe dans la catégorie des beaux livres. Des encadrés factuels dressent la « fiche signalétique » de chaque bataille et précisent les forces en présence. Une vignette de localisation cartographique permet de situer son emplacement. L’illustration est abondante et colorée. Elle associe belles images anciennes et graphismes contemporains. Les doubles pages qui permettent de visualiser le déroulement des phases de chaque bataille grâce à une ingénieuse cartographie en 3D méritent particulièrement d’être appréciées.

On remarque quelques anglicismes bénins (dont le voyant boyar au lieu de boyard p.98), une référence anachronique à une improbable garde royale française à la bataille d’Arsouf (p.56) et une étrange comptabilité des pertes teutoniques à la bataille de Tannenberg (32 000 morts et prisonniers sur 27 000 combattants ?). Le défaut de bibliographie ne permet pas de mesurer la prise en compte (incertaine) de l’historiographie récente. Pour autant, ce beau livre, plaisant à manier et à compulser, conviendra au grand public friand de militaria médiévales. Il peut également être considéré comme une bonne lecture d’initiation, propre à intéresser les adolescents attirés par l’histoire médiévale. Dans cette perspective, il est susceptible de constituer une ressource appropriée pour le CDI d’un collège.

© Guillaume Lévêque