Connues et appréciées pour la qualité de ses atlas, les éditions Autrement ont lancé d’autres collections comme « Monde d’Aujourd’hui » dont le dernier titre aborde la question des métropoles. La présentation du site de l’éditeur précise que chaque ouvrage de cette collection « met en scène les fondamentaux d’une question, de manière claire et synthétique » et le texte de Florence Dinh, chargée de mission à la délégation générale à la coopération territoriale de la Ville de Paris, n’échappe pas à cette règle.

Articulé en 5 parties, son propos s’ouvre une série de définitions de la ville, de l’agglomération, de la métropole, jusqu’à la ville-monde. Toutes sont définies selon des critères démographiques (combien?), l’auteur s’appuyant ici sur des données officielles (ONU, INSEE), de superficie, assez difficiles à déterminer, et fonctionnels (quoi?). Ces explications ont pour elles la simplicité et n’évoquent que rarement les travaux des géographes si ce n’est la banane bleue de Roger Brunet, dont la primauté économique a été remise en question par François Moriconi-Ebrard* qui n’y voit pas « la structure centrale de l’Europe », encourageant les observateurs à « abandonner cette vision passéiste ». Simplicité du propos donc mais ne permettant d’introduire, que trop rarement, des nuances comme l’existence de différences dans les structures internes des mégalopoles.

D’autres bémols concernant cette partie sont à évoquer. L’idée selon laquelle vivre dans une métropole ce serait « vivre à proximité de tout » tombe à plat lorsque l’on lit quelques plus haut que la Randstad « est consituée de quatre grandes villes situées à plus de 200kms (!) les unes des autres », proximité somme toute relative. Enfin, l’auteur exprime l’idée que l’extension de la ville dans la 2ème moitié du XXème siècle serait en partie la conséquence du développement des transports. Là encore, cette affirmation trouve ses contradicteurs (F. Moriconi-Ebrard, T.Rebour**) qui, chiffres à l’appui, explique que le développement de l’automobile ne précède pas l’extension des grandes villes.

Les trois parties suivantes dressent un portrait de la métropole: une ville à l’influence planétaire, une ville bigarrée et richesse de sa diversité, une entité délicate à « gouverner ». Ce dernier thème met en avant la démocratie participative, chère à certains de nos édiles, sans vraiment soulever ses limites et assène quelques évidences : la nécessité de la coopération entre les acteurs, « les projets urbains peuvent avoir pour objectf le développement économique ou le renforcement du bien-être des habitants »…

La dernière partie, sous le titre « les défis des métropoles », aborde le concept de la ville durable, évoquant tout à tour la question des transports, du logement, de l’école et de l’environnement et listant les initiatives lancées à Londres (péage urbain), à Copenhague (quartier de haute qualité environnementale de Orestad), à Berlin (accès interdit à un périmètre déterminé pour tous les véhicules polluants).

Ce livre laisse le lecteur perplexe. Il possède des atouts, les documents sont de bonne qualité et les graphiques permettent, pour certains, des comparaisons entre métropoles européennes (réseaux de transports métropolitains, cartes des quartiers prioritaires pour Londres, Paris, Berlin), le glossaire tient sur deux pages et regroupe 38 définitions claires. Néanmoins, le propos qui se veut simple en devient superficiel. Enfin, intituler un livre, « les métropoles », le sous-titrer les villes européennes pour, au final, ne s’intéresser presqu’exclusivement qu’à Londres, Paris, Berlin semblent un rien réducteur.

* »De Babylone à Tokyo. Les grandes agglomérations du Monde », F. Moriconi-Ebrard, éditions Ophrys, 344p, 2000
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