Pendant la première guerre mondiale, l’activité artistique se poursuivit, à l’arrière dans les ateliers mais aussi au front. L’une des particularités les plus remarquables de la production suscitée par la Grande Guerre fut l’implication de nombreux artistes affiliés aux divers courants de l’avant-garde européenne : Fernand Léger, Marcel Gromaire, CRW Nevinson, Otto Dix ou encore Oskar Kokoshka. L’ouvrage comprend  un index des noms, des institutions, journaux et galeries.

Une perspective internationale

Ce livre a pour sujet la production artistique de la première guerre mondiale, appréhendée selon une perspective internationale et comparative, dans son contexte historique et institutionnel aussi bien qu’esthétique. Le livre se compose de quatre parties. Les deux premières s’intéressent au rôle joué par la puissance publique dans la commande, l’achat et la diffusion d’oeuvres. Les deux autres parties explorent les diverses manières dont des artistes au sein des courants modernes ou d’avant-garde prirent part à un travail d’élaboration de la mémoire collective. Cet ouvrage souhaite donc participer au décloisonnement d’un champ d’études longtemps demeuré dans des cadres essentiellement nationaux.

La rupture de 1916 : raisons et réalités des politiques de soutien à la création artistique en guerre

En France, pour les artistes, les missions initiées par l’Etat constituent une occasion inédite de découvrir le front combattant. Un autre article s’intitule d’ailleurs : « Peintres français sur les front du premier conflit mondial : entre patriotisme artistique et diplomatie culturelle ». Au Royaume-Uni, les artistes officiels ont un statut militaire qui vise à faciliter leur circulation dans la zone des armées. Les Britanniques ont aussi la volonté d’appréhender le Home front.

Créer sous le feu : être artiste officiel de l’armée belge pendant la Grande guerre

Très tôt les autorités militaires voient l’utilité qu’elles peuvent tirer du savoir-faire des artistes dans la conduite des opérations militaires, notamment au niveau tactique. Néanmoins, la production artistique belge est marquée par une grande diversité des styles car toutes les classes d’âge sont représentées.

Fortunes et infortunes de l’art de guerre officiel britannique

L’Imperial War Museum fut fondé en 1917 et dès ses débuts il fit valoir que le rôle de mémorial national de la guerre devait lui échoir. Le Ministère de l’Information avait lui aussi le sentiment d’être investi d’une mission pour la nation.

Montrer la réalité de la guerre ? L’art canadien de la Première Guerre mondiale

A de rares exceptions, la plupart des artistes ne produisirent pas d’oeuvres allant à l’encontre des normes et valeurs sociales de l’époque. Dans les oeuvres créées par les artistes officiels aussi bien que par les soldats, les allusions au sacrifice christique abondent.

Artistes correspondants de guerre et artistes officiels britanniques

Les artistes correspondants étaient chargés de se rendre dans les zones de conflit pour couvrir les évènements pour les journaux tandis que les artistes officiels voyaient leurs oeuvres reproduites dans des albums publiés. L’article se focalise sur Frederic Villiers et Fortunino Matania, deux artistes correspondants de guerre. Il existait en tout cas de nombreuses visions du conflit.

Représentations des prisonniers de guerre en Allemagne et en Autriche-Hongrie

A la différence de leur représentation en Autriche-Hongrie, les prisonniers de guerre russes étaient souvent dépeints en Allemagne comme un « butin » de guerre et dans un langage visuel qui évoquait les colonnes romaines, en vaincus.

L’investissement mémoriel chez les artistes des mouvements modernes et d’avant-garde

Cette troisième partie évoque d’abord les Nabis dans la guerre puis Anne-Pascale Bruneau-Rumsey s’arrête sur «  Représenter la guerre ? missions de l’avant-garde britannique ». Modernes sans l’opacité du cubisme, les toiles de Nevinson paraissent être le modernisme à la portée de tous. Le peintre s’adresse à un public beaucoup plus large que ne le font d’autres artistes d’avant-garde. Les oeuvres de Paul Nash sont ensuite abordées. L’entrée suivante s’intéresse à la vision très domestique de la guerre de Stanley Spencer. Andréa Lauterwein parle de l’artiste allemande Käthe Kollwitz et plus largement de toutes celles qui se tenaient à l’arrière. Déjà reconnue au moment où éclate le conflit, elle se concentre sur la figure humaine. Elle cherche à représenter les effets collatéraux de la guerre sur les victimes civiles.

Les représentations de la mutilation, entre reconstruction, commémorations et commentaire social

La quatrième partie commence par une figure bien connue, celle d’Otto Dix et particulièrement ses toiles de 1920. Il s’agit ici d’examiner la façon dont les mutilés de guerre furent représentés dans les tableaux de Dix à la lumière des connaissances et pratiques médicales de l’époque. Les oeuvres de Dix présentent un caractère très construit ainsi qu’une forme de contradiction interne. Claire Maingon s’intéresse à la mutilation faciale et corporelle et se demande s’il s’agit d’un thème iconographique tabou de la guerre. Les images destinées au public pour favoriser le don aux associations ne représentent pas le membre mais le laissent à deviner. Une autre contribution est consacrée aux soldats mutilés et la construction de la mémoire de la grande guerre.

Cet ouvrage donne à voir un certain nombre de tableaux ou autres oeuvres artistiques parfois peu ou pas connus. Avec ses multiples entrées et contributions, il réussit à éclairer le premier conflit mondial sous d’autres angles.

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