La collection Géographie Contemporaine des PUQ (Presses Universitaires du Québec), dirigée par JL Klein, propose à son catalogue une série d’ouvrages qui donne la part belle à la mondialisation et à ses impacts sur le territoire. C’est dans ce cadre qu’est paru cet ouvrage.
R. De Koninck est professeur titulaire au département de géographie de l’université de Montréal et à la chaire de recherche du Canada en études asiatiques. JF Rousseau est étudiant en maîtrise de géographie à l’université de Montréal.
Les auteurs entendent par « les poids du monde » l’influence relative des pays et des ensembles régionaux dans les affaires du monde. L’influence de certains pays est renforcée par la mondialisation, qui contribue à mettre en relation de façon de plus en plus étroite les différentes régions du monde. Les Poids du monde propose d’étudier l’évolution de 80 indicateurs statistiques tant à l’échelle des nations que des ensembles régionaux, sur une période allant de 1980 à nos jours.
Cet ouvrage s’organise en sept chapitres qui passent en revue différents indicateurs : population, agriculture, pêche, énergie, industrie, économie, domaine militaire et environnement. Pour chaque indicateur, des cartes et des statistiques à différentes dates sont accompagnées d’un commentaire. Le tout est présenté sur deux pages en regard.
Le choix des indicateurs retenu s’est fait en fonction de leur pertinence et de leur disponibilité. Si la chaire de recherche du Canada en études asiatiques a acheté de nombreuses séries statistiques, certaines données, notamment militaires, n’ont pu être accessibles. D’ailleurs, les auteurs ne sont pas dupes de la véracité de certains chiffres, concernant des sujets hautement stratégiques, notamment !
La réalisation des cartes interpelle. Cela tient à la qualité graphique. Les règles de la sémiologie graphique, que nous nous efforçons de mettre en pratique avec nos élèves de lycée dans l’optique du croquis au baccalauréat, ne sont pas appliquées sur les 160 cartes des doubles pages. Les cartes sont muettes. Les « zones blanches » (les auteurs ont rusé ! Elles sont coloriées en gris pâle) occupent l’essentiel des surfaces. Il n’y a pas de légende, et d’échelle non plus.
Pour comprendre les cartes, il faut lire le chapitre introductif, les auteurs y expliquent leur choix. Ils disent avoir décidé, pour des raisons graphiques, de ne faire figurer que les 15 Etats enregistrant les plus importantes valeurs pour un indicateur donné. Force est de constater, pour de nombreux indicateurs, que les quinze « poids du monde » sont généralement responsables à eux seuls de 80% de la production de tel ou tel bien. Ainsi, figurent en gris foncé les 15 premiers pays concernés et en gris pâle ceux qui ne font pas partie du haut du classement. Pour que le lecteur puisse se rendre compte de l’intensité de l’indicateur, des barres (graphiques en barres) sont placées sur chaque pays.
L’approche évolutive des indicateurs est le point mis en valeur par les auteurs. Sachant que les données statistiques se périment très vite, il leur a semblé important de centrer leurs commentaires sur les évolutions afin de montrer les tendances. En voulant présenter des évolutions sur une carte, les auteurs se sont trouvés confrontés au problème des changements de frontières. Entre le début des années 1980 et aujourd’hui, l’effondrement du bloc de l’est et la fin de la guerre froide ont profondément re-découper les frontières nationales. De même, la structure des régions mondiales, si elle n’a été que peu affectée entre les deux dates en général, a été profondément modifiée en Europe (élargissement de la CEE puis de l’EU, par exemple). Ils ont donc opté pour des regroupements d’Etats en fonction de l’histoire des pays en question. Ainsi, l’Allemagne apparaît comme une seule entité y compris sur les cartes des années 1980.
Ainsi, une croissance générale est constatée que ce soit au niveau démographique, agricole, énergétique, industriel. L’analyse de ces chiffres (démographie exclue) amène à constater la marchandisation croissante du monde. Entre 1980 et aujourd’hui, la mondialisation des échanges et la diffusion des techniques a eu comme impact le triplement de la production de biens et de marchandises. La pression sur la planète est de plus en plus forte et l’on est en droit de s’interroger sur les conséquences environnementales négatives de ces évolutions. Autre effet pervers de la marchandisation du monde : les inégalités se sont accrues. Cette tendance s’explique par la faible rétribution des productions agricoles dans les pays du Sud. Cette croissance des échanges s’est accompagnée du passage d’une bipolarisation caractéristique de la guerre froide à une tripolarisation avec la mise en avant de la Triade. Les Etats-Unis, dans cette organisation du monde, tiennent le rôle d’hyperpuissance hégémonique. Parallèlement, le poids de l’Asie s’est fortement accru entre les deux dates grâce notamment aux progrès de son agriculture et de son industrie. Dans le même temps, l’Afrique s’est marginalisée, exception faite de l’Afrique du Sud. Par ailleurs, le Brésil a émergé pendant la période d’étude en basant sa puissance sur un secteur agro-exportateur très prospère et des ressources abondantes.
Cet ouvrage contient de nombreux tableaux statistiques réutilisables en classe. Les réserves émises sur la réalisation graphique des cartes font que l’utilisation de ces cartes en classe devrait se faire en expliquant la démarche des auteurs.
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