Les éditions Plein Vent publient une BD sur le destin de Pierre de Porcaro, prêtre français mort à Dachau pendant la Seconde Guerre mondiale.
Cet éditeur, qui publie, entre autres, des ouvrages sur des grandes figures de la religion chrétienne, a choisi de s’associer avec le diocèse de Versailles dans la mise en avant de ce destin particulier. Ce diocèse demande aujourd’hui la béatification de Pierre de Porcaro, à l’instar de 50 autres personnes, qualifiées en fin de BD (dans un petit dossier documentaire) de « martyrs de l’apostolat« . Ce projet de BD a bénéficié d’une campagne de crowdfunding. La préface est assuré par l’évêque de Versailles, témoignant encore une fois la dimension spirituelle et engagée de ce titre.
Le destin de Pierre de Porcaro (1904-1945) se rapproche de celui de Maximilien Kolbe, assassiné à Auschwitz. La BD propose de retracer le parcours de cet homme. Issu d’une famille croyante et pratiquante, Pierre de Porcaro rentre au séminaire pour devenir prêtre dès ses 18 ans. Il devient prêtre en 1929 à Versailles.
Mobilisé pour la guerre, Pierre de Porcaro est entraîné dans la « drôle de guerre » et la campagne de 1940 qui se soldent par la défaite française et son arrestation par la Wehrmacht en juin 40. Il connaît alors la déportation vers l’Allemagne et le stalag. Durant ces périodes, Pierre de Porcaro continue d’exercer sa mission de prêtrise auprès de ses camarades croyants.
Pierre de Porcaro finit par être libéré en 1941 et revient à St-Germain-en-Laye, ville occupée de manière massive par l’armée allemande. Reprenant son activité de prêtrise, il accompagne les habitants de son diocèse dans les affres de la guerre.
En avril 1943, l’évêque Roland-Gosselin lui demande de partir en Allemagne, dans le cadre officiel du STO, pour devenir aumônier clandestin. Il arrive à Dresde, dans une usine de carton et met en place discrètement une section locale des jeunesses ouvrières chrétiennes. Victime d’un accident de travail, il est rapatrié en France dès novembre 1943.
Malgré les dangers et la répression toujours plus forte des autorités nazies et de la Gestapo, il décide de repartir dès le mois de janvier 1944 et reprend ses activités d’ouvrier-prêtre clandestin. Dénoncé par un ouvrier français, il est arrêté en septembre 1944 et envoyé en janvier 1945 à Dachau. Il vit alors dans la baraque des prêtres. Atteint par le typhus, il finit par mourir en mars et est immédiatement conduit au crématorium. Depuis lors, le diocèse de Versailles se bat pour la béatification de cette figure locale attachante et charismatique.
Cette BD se veut donc d’abord une découverte de la vie de Pierre de Porcaro. Il est évident que la dimension religieuse est omniprésente, mais comment pourrait-il en être autrement dans le destin d’un prêtre? A travers lui, les auteurs abordent aussi l’histoire de l’Eglise pendant la guerre et l’occupation. Cette histoire est très ambivalente et il est utile de rappeler que l’Eglise a été traversée, comme la société française de cette époque de mouvements contraires, entre ceux qui ont soutenu l’Etat français, ceux qui on résisté de manière active à l’occupation nazie et à l’oppression pétainiste.
Evidemment, cette BD axe sur ceux qui ont voulu accompagner leurs coreligionnaires à vivre leur foi dans les drames causés par la défaite de 40 et par l’occupation. La figure de Pierre de Porcaro marque par sa détermination et sa conscience de ses rôles à jouer durant le conflit.