Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure de Mécanique et Microtechnique de Besançon, l’auteur est journaliste depuis 10 ans dans le domaine industriel. A ce titre, il a particulièrement suivi la mise en place et le développement des pôles de compétitivité en France. L’ouvrage de Jean-Sébastien Candella permet de mettre en perspective l’évaluation dont les pôles de compétitivité font l’objet depuis décembre 2007 et dont les résultats seront connus au cours de cette année.

L’ouvrage est organisé en deux parties. La première est une présentation des pôles de compétitivité français (contexte et historique de mise en œuvre). Elle est mise en perspective par un tour d’horizon des différentes politiques de clusters mises en place à travers le monde. Cette revue aborde principalement les pays développés et n’accorde qu’une faible place aux pays émergents (Brésil, Chine, Inde). Les stratégies nées d’une collaboration interétatique comme le programme Eurêka à l’échelle européenne ne sont pas abordées. Ce tour d’horizon est très précieux dans la mesure où il permet de replacer les pôles de compétitivité français dans une tendance générale qui consiste à promouvoir une politique d’innovation collaborative (privé/public, entrepreneurs/chercheurs/formateurs, …) à une échelle régionale et non plus nationale. Après une rapide typologie des pôles de compétitivité, Jean-Sébastien Candella propose un premier bilan des clusters à la française (élaboration de nombreux projets de recherche collaborative, faible intégration des PME, faible implication de la formation, effet limité sur la création d’emploi) et esquisse les perspectives envisageables après l’évaluation en cours (regroupement de certains pôles autour de thématiques communes, recentrage du financement sur les pôles les plus efficaces, rôle accru des régions, …).

La seconde partie de cet ouvrage regroupe des interviews d’acteurs des pôles de compétitivité ordonnées en 12 thèmes liés au fonctionnement de ces derniers (à titre d’exemple : animation et gouvernance, émergence de projets de R&D, …). Il s’agit pour l’auteur de mettre en évidence de « bonnes pratiques ». La parole donnée aux acteurs des pôles est d’un très grand intérêt. En effet, le lecteur est peu à peu introduit au cœur de ces dispositifs dont la diversité est extrême. D’autre part, si le discours de ces acteurs n’est pas à proprement parler un discours géographique, en filigrane sont inscrites des problématiques éminemment géographiques. Parmi celles qui peuvent guider la lecture, l’inscription territoriale des pôles de compétitivité a plus particulièrement retenue notre attention. La performance collaborative liée à l’émergence de l’ « entreprise étendue » induit en effet un changement d’échelle et une mise en réseau des différents acteurs. La traduction territoriale des pôles de compétitivité qui transparaît à travers ces témoignages est extrêmement diverses : des « classiques » technopôles (Pôle Européen de la Céramique, Ester Technopôle à Limoges, pages 127-128) au maintien d’une relative dispersion territoriale permise par la mise en place de plates-formes collaboratives – des plates-formes technologiques pour le pôle Solutions Communicantes Sécurisées implanté à Sophia-Antipolis (pages 117-118) – en passant par la mise en réseau des pôles à différentes échelles (Innovations Thérapeutiques est ainsi intégré à l’échelle nationale au super bio-cluster Life Science Corridor France, et à l’échelle européenne avec la Suisse et l’Allemagne, pages 77-79). Non négligeable également est le regard porté par les différents acteurs, aux stratégies parfois antagonistes, sur cet ancrage territorial, indispensable pour les collectivités territoriales qui visent, notamment, le maintien voire le développement de l’emploi local, plus secondaire voire inutile pour les entreprises qui recherchent une lisibilité mondiale. En donnant la parole aux multiples acteurs des pôles, Jean-Sébastien Candella permet ainsi de mieux comprendre le fonctionnement des city regionsScott A.J. (dir.), Global city regions. Trends, theory, policy, Oxford, Oxford U .P., 2001, 467 p..

Pour l’enseignant, cet ouvrage est, d’une part, un outil efficace pour découvrir ou approfondir un sujet encore peu traitéDes ressources en ligne sont disponibles sur le site Géoconfluences : http://geoconfluences.ens-lsh.fr/doc/territ/FranceMut/FranceMutDoc4.htm. Outre les rapports et textes institutionnels, le dossier 8051 de la documentation photographique (France : recompositions territoriales de R. Marconis) consacre une double page aux pôles de compétitivité. et, d’autre part, une mine d’exemples. Par exemple, le témoignage du directeur du Pôle Européen de la Céramique (pages 127-128) peut, en classe de 4e, permettre de définir une technopole et, en classe de 3e, montrer comment un territoire s’inscrit dans la mondialisation.

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