Les relations internationales depuis 1945 est un ouvrage (quinzième édition chez Armand Colin) réédité en 2017. L’auteur Maurice Vaïsse est professeur émérite d’histoire des relations internationales à l’Institut d’études politiques à Paris. Ses recherches portent notamment sur la diplomatie française et le général De Gaulle. La structure du livre chronologique, les cartes et les documents complémentaires renforcent la lisibilité des propos. Une bibliographie fournie à la fin de l’ouvrage permet d’approfondir certains thèmes. Maurice Vaïsse réussit dans cet ouvrage une synthèse et une analyse pertinentes des relations internationales au XXe siècle, qui expliquent également le début du XXIe siècle.
Chapitre 1 : Naissance et confrontation d’un monde bipolaire (1945-1955)
C’est la fin de la prépondérance européenne, l’ère des superpuissances commence. Le Royaume Uni, la France, l’Allemagne et l’Italie, qu’ils sortent vainqueurs ou vaincus ne sont plus des puissances. Les nouveaux Grands, les vrais vainqueurs sont les Etats-Unis et l’URSS. C’est visible avec la dissémination de leurs forces sur le globe, leur population, leur superficie et leurs ressources. Les nouvelles grandes puissances sont des états géants.
L’alliance de l’URSS et des Etats-Unis pendant la guerre fait progressivement place à la méfiance puis à la confrontation brutale, qui paralyse l’ONU. L’Europe se divise entre l’Est, où les démocraties populaires subissent l’influence de l’URSS et l’Ouest soutenu par le plan Marshall. La ville de Berlin est un symbole du rideau de fer qui divise l’Europe. Malgré cette séparation, l’Ouest cherche à construire une nouvelle Europe pour garantir la paix et se prémunir contre la menace communiste (1951, création de la CECA).
La guerre froide, expression utilisée à partir de 1947, désigne une situation de tension entre les deux blocs antagonistes, qui s’affrontent indirectement. L’Asie devient un enjeu pour les deux Grands. L’URSS peut s’appuyer sur son allié communiste : la Chine. A partir de 1946, les Vietnamiens s’engagent dans une guerre de décolonisation contre les Français. Mais ce conflit revêt un enjeu idéologique (comme en Corée), qui pousse les deux grandes puissances à intervenir. En Asie, l’objectif américain est de contenir le communisme chinois et de faire échec à la théorie des dominos : lorsqu’un pays tombe dans le camp communiste, ses voisins risquent à leur tour d’être entraînés. Par conséquent, les Etats-Unis multiplient les traités d’alliances en Asie pour augmenter le nombre d’alliés.
L’après 1945 est aussi marqué par la décolonisation notamment au Proche et Moyen Orient et en Asie du Sud-Est. Puis, a lieu la deuxième vague en Afrique à partir de 1955. Ce tournant est marqué par la conférence de Bandung qui décide de généraliser et d’accélérer la décolonisation. Les puissances coloniales réagissent de différentes manières comme la Grande Bretagne, qui s’investit volontairement dans une décolonisation progressive. Alors que la France, espérant redorer sa puissance, s’engage dans des guerres et refuse l’indépendance. Au Proche Orient aussi les pays redécouvrent peu à peu la liberté. Mais la création d’Israël et les intérêts pétroliers attisent les tensions.
Chapitre 2 : La coexistence pacifique (1955-1962)
Cette période intermédiaire fait passer le monde de la confrontation à la coexistence pacifique. Mais l’opposition idéologique rend impossible la paix et l’équilibre nucléaire rend improbable la guerre. Par conséquent, il s’agit d’une « paix impossible, guerre improbable » selon la formule de Raymond Aaron. Les deux Grands doivent composés avec les puissances émergentes comme la Chine, l’Egypte, l’Inde, qui veulent étendre leur influence. De plus, le Tiers Monde cherche à s’imposer sur la scène internationale. L’URSS est marquée par la déstalinisation et un relâchement relatif. Enfin, la construction européenne se poursuit avec la création de la CECA en 1957.
Chapitre 3 : La détente (1962-1973)
Dans les années 1960, un dialogue s’instaure entre les deux Grands, on entre dans une période de détente. Mais celle-ci n’est pas synonyme de désarmement. Le bourbier vietnamien paralyse la politique étrangère des Etats Unis et ternit son prestige. Dans une convergence d’intérêts, les deux Grands cherchent une réduction des tensions internationales avec des accords sur les plans militaire, scientifique et commercial. Par ailleurs, l’Europe poursuit sa construction avec notamment la mise en place d’un marché commun agricole. Quant à l’Afrique, la décolonisation laisse la place à des conflits ethniques en raison de l’artificialité des frontières.
Chapitre 4 : Un monde déstabilisé (1973-1985)
En 1975, la conférence d’Helsinki consacre le statu quo de l’Europe et encourage la coopération. Mais l’ordre mondial est déstabilisé. La crise pétrolière entraîne un désordre monétaire et une multiplication des tensions à l’échelle mondiale. De plus en 1975, la chute de Saïgon marque l’écroulement de la politique d’endiguement des Etats-Unis, dont l’influence recule aussi en Amérique centrale. La baisse prestige américain profite à l’URSS en Asie, en Afrique et en Amérique latine.
Chapitre 5 : la fin d’un monde bipolaire (1985-1992)
Toutes les bases de 1945 volent en éclat. Les conséquences de la Seconde Guerre mondiale sont effacées, l’Allemagne, réunifiée et le Japon sont redevenus des puissances. Le communisme chancelle et l’économie de marché parait triompher de tout. L’Union soviétique, contrainte de se replier, éclate en de multiples républiques. A la faveur de la fin de la guerre froide, les tensions s’apaisent, le modèle occidental de démocratie parlementaire est généralisé. Mais la résurgence du fait national annonce de nouveaux conflits.
Chapitre 6 : A la recherche d’un nouvel ordre mondial (1992-2001)
Au tournant du siècle on se retrouve à l’aube d’un monde nouveau, mouvant et imprévisible. La plupart des fondements du XXe siècle ont été balayés ou sont dévalorisés. Favorisée par la baisse du prix du pétrole, la reprise économique mondiale, se réveille au début des années 1990. De nouveaux pays industrialisés, en particulier en Asie, émergent et la croissance s’étend même en Europe, engluée jusque-là dans le chômage et la crise.
La mondialisation est en marche avec le libre-échange, les lois du marché, la mobilité des capitaux, ce qui entraine une interdépendance accrue de la planète, sans que des moyens de régulation existent. D’un côté, le monde est uni, de l’autre, il est fragmenté.
Chapitre 7 : Le désordre impérial (2001-2008)
Le 11 septembre 2001 marque la fin de l’hyperpuissance des Etats-Unis. Le monde est multipolaire, marqué par la globalisation, la révolution des moyens de communication, l’émergence économique des puissances asiatiques…La différence de rythme de croissance ente les économies développées et les économies émergentes est flagrante. De plus, l’ordre mondial doit faire face à diverses menaces comme la prolifération nucléaire, le trafic d’armes, le terrorisme… Ces échecs causent une grave perte de crédibilité pour les Etats-Unis et remettent en question les valeurs occidentales.
Chapitre 8 : La redistribution de la puissance (2008-2013)
En 2008, la crise financière, liée à la bulle immobilière aux Etats-Unis a des répercussions sur le monde entier. De plus, la mondialisation qui n’est pas toujours synonyme de l’extension des valeurs occidentales, voit émerger de nouvelles puissances et s’esquisser un basculement de la puissance du Nord vers le Sud. L’Afrique noire et l’Amérique du Sud connaissent aussi une pleine croissance, mais recherchent une stabilité politique et sociale. De plus, les printemps arabes font souffler un vent démocratique, mais l’issue reste incertaine (terrorisme, affrontements…). Enfin, les pays sont de plus en plus sensibles aux risques naturels et technologiques (Fukushima en 2011 au Japon).
Chapitre 9 : Un ordre international contesté (depuis 2013-…)
Il était loin le temps de l’hyperpuissance américaine des années 1990. Peu à peu dans ces années 2010, un monde multipolaire émerge, marqué par le rejet d’un ordre international occidental.
Cette période est marquée par un recul de la tentative de gouvernance mondiale. De plus, la politique de Barack Obama est marquée par un retrait des Etats-Unis comme gendarmes du monde. Il a réussi à sortir son pays de la récession consécutive de la crise de 2008, à diminuer les troupes au Moyen Orient et à limiter l’entrée dans de nouvelles guerres. Quant à Trump, il entend brider le multilatéralisme, qui met un frein à la puissance américaine et il dénonce les accords de la COP21.
Malgré les problèmes économiques de la Russie, Poutine veut sortir son pays de l’isolement, ce qu’il réussit avec la crise syrienne et le cessez-le-feu en 2016.
En Asie, les puissances émergentes tentent de s’imposer, comme l’Inde ou la Chine. Cette dernière entend développer sa puissance maritime et militaire au détriment de ses voisins en mer de Chine.
En Amérique latine, les pays émergents cherchent à s’imposer. Mais les difficultés économiques et politiques en raison notamment de la baisse des matières premières (exemple du Venezuela) provoquent des tensions.
Enfin, l’Europe est en crise, affligée d’une croissance faible, d’un chômage important et d’un endettement persistant de plusieurs pays dans zone euro (sauf l’Allemagne). L’euroscepticisme augmente et les divisions sont de plus en plus nombreuses (en particulier à cause de la crise des migrants).
Finalement, Maurice Vaïsse transmet à travers cet ouvrage une lecture d’ensemble des relations internationales après 1945. Les explications données sont des clés pour comprendre la complexité du monde hétérogène, mondialisé, global dans lequel on vit aujourd’hui.