Une publication de suivi de thèse qui présente une enquête sur la perception de l’espace sonore de places publiques de la région grenobloise, particulièrement suggestif pour les enseignants !

Solène Marry, aujourd’hui ingénieure de recherche au sein du LPED (Laboratoire Population Environnement Développement) au sein de l’Université d’Aix-Marseille publie ici son premier ouvrage, issu de sa thèse « L’espace public sonore ordinaire ».

L’ouvrage se compose deux parties. La première reprend les différents paramètres qui caractérisent l’ambiance sonore d’un espace urbain et s’appuie sur les précédents travaux de nombreux chercheurs, notamment anglo-saxons.

La deuxième partie est la présentation et l’analyse d’une enquête que la jeune chercheuse a mené dans l’agglomération grenobloise auprès de plusieurs groupes de personnes sur la perception sonore d’espaces publics, en l’occurrence de trois places différentes.

J’ai quelques regrets de ne pas voir citer Alain Corbin dans la bibliographie, mais cette remarque émane d’une historienne… On peut également souligner quelques maladresses de construction comme la double présentation de la notion de ‘densité’ p. 36 et p. 173.

Mais l’intérêt de ce travail est réel. Au-delà de l’aménageur pour qui toute cette réflexion autour de l’ambiance sonore d’un espace public est fondamentale (même si certaines réalisations semblent montrer que cette réflexion n’est pas toujours présente…), il concerne tout citoyen et permet une meilleure compréhension du milieu urbain, de son aménagement ainsi que de la présence de la nature, ou du moins de la végétation en ville. Il favorise la compréhension d’une perception sonore ô combien subjective et différente selon les personnes, qui peut varier également en fonction de la minéralité, la naturalité, mais aussi selon l’âge de la personne concernée, la saison où l’observation a lieu… Il encourage chacun à analyser sa propre perception de l’ambiance sonore urbaine. Au croisement de l’environnement, du paysage et du milieu, cette étude est éminemment géographique, mais la dimension sonore n’est pas celle que les géographes privilégient, c’est donc un enrichissement à notre pratique que cet ouvrage nous suggère.

L’intérêt de ce travail pour l’enseignant du primaire ou du secondaire se situe à plusieurs niveaux. D’une part et bien évidemment, la mise au point sur la recherche actuelle permet de nourrir la réflexion de l’enseignant sur l’ambiance sonore d’un lieu et notamment sur la notion de ‘soundscape’, et cela peut amener à la construction d’une séquence avec ses élèves. D’autre part, le protocole de l’enquête menée par cette jeune chercheuse peut servir d’inspiration pour ce même enseignant : les visites sur le terrain, la lecture des paysages des places, l’analyse sonore des lieux la prise de photographies, la construction de cartes mentales, la réalisation de nuages de mots, l’entretien collectif et individuel, tout ou partie de ces éléments peuvent être utilisés dans un travail avec les élèves et peuvent d’ailleurs être poursuivis avec la réalisation de cartographie sonore comme celle que le Café pédagogique a présenté en mai 2011 (cf. http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/05/17ForumPaysagessonores.aspx ).

Au final, un travail de recherche qui peut être utilisé très facilement par les enseignants et qui apporte une vraie progression à notre pratique, tout en développant une vision citoyenne de l’aménagement de l’espace urbain.

On ne peut que souhaiter à cette jeune chercheuse de poursuivre sa démarche et sa réflexion !