First Editions publie le 8e tome de sa série «L’Histoire de France pour les nuls», en BD. Il est intitulé Révolution et Empire et traite d’une période allant de la mort de Louis XV, en 1774, à l’évocation de la fin de vie de Napoléon Ier, après les Cent-Jours et son abdication.

Les auteurs sont Hervé Loiselet, qui a travaillé, entre autres, chez Delcourt et Soleil. Il a scénarisé plusieurs BD, dont Vingt ans de guerre, Blackline ou Legio nostra. Pour la justesse historique et pour l’écriture des textes, il est accompagné au scénario par Hervé Loiselet, professeur d’histoire-géographie et de français, écrivain et auteur de nombreux ouvrages dans la série « Pour les nuls ». Le dessin est assuré par Vincenzo Acunzo, qui a travaillé sur de nombreux comics : X-factor, She-Hulk ou Star Wars. Chacun des membres de ce trio a déjà travaillé sur d’autres tomes de la série, comme le tome 2 , «Le Haut Moyen-Âge».
Un petit dossier informatif complète l’œuvre à proprement parler. Entièrement écrit par Jean-Joseph Julaud, la partie de dix évoque les différents événements contemporains de la période traitée, insistant, au passage, sur quelques personnages ou inventions marquantes.

Dès la frise chronologique, présente en début et fin de la BD, nous nous rendons compte de la complexité et de la difficulté de traiter en moins de cinquante pages une période aussi chargée en événements et rebondissements. Tout de suite vient une interrogation : peut-être aurait-il été plus judicieux de traiter la Révolution et l’Empire en deux tomes séparés, avec les mêmes auteurs pour assurer une réelle continuité dans la trame et le dessin.

Le parti pris a été de n’en réaliser qu’un seul et cela se sent dans la découpe et l’organisation globale de la BD. Le rythme est très soutenu dans la découpe des pages : nous assistons, comme prévu, à la (très longue) succession d’événements révolutionnaires puis bonapartistes, avec sa (très longue) galerie de personnages, dans des cases surchargées en texte et accompagnées, très rarement, de bulles de dialogues qui n’en sont pas vraiment. Ces bulles ne font que compléter des textes, qui parfois tombent comme un cheveu sur la soupe et manque de lien avec ce qu’il y a autour. Un exemple parmi d’autres : l’assassinat de Marat par Charlotte Corday. Cet assassinat est représenté dans l’esprit du tableau de Jacques-Louis David ; mais il est au milieu de cases sans rapport direct, avant et après, sans autre explication qu’une petite bulle de textes. On est typiquement dans l’accumulation événementielle qui peut déconcerter celui qui part sans bases dans cette lecture.
À cela, malheureusement, s’ajoute un trait de dessin peu avantageux pour les personnages historiques, et encore moins pour les personnages secondaires, pièces rapportées de la trame principale. Sans parler des décors de fond… Cela donne une impression globale de course pour terminer la BD ou, pire, de négligence.

Si cette BD s’adresse, si l’on en croit les auteurs, aux «  nuls », il faut en réalité de vraies connaissances, voire parfois de l’érudition, pour pouvoir suivre le fil et accéder à la densité, assumée mais obligatoire, de cet ouvrage. Le scénario fait la part belle à l’histoire-bataille, l’histoire événementielle et l’histoire politique. Partez sur l’idée de la relire au moins deux fois pour en saisir la richesse chronologique.

Encore une fois, deux tomes séparés auraient, sûrement, permis de traiter bien mieux et de manière extrêmement claire une histoire sociétale, une histoire des femmes de la Révolution et de l’Empire, n’occultant pas certains apports non négligeables de cette période, comme les procédés d’unification du territoire ou le Code civil (qui tient en une case !).

De là vient la vraie déception autour de cette BD sur la Révolution et l’Empire. Il est très compliqué de trouver des ouvrages de bande dessinée pour les collégiens et les lycéens. Quelques titres existent, comme l’excellent Olympe de Gouges, chez Casterman, mais ils ne traitent que partiellement de ces deux périodes.
D’un point de vue historique, il n’y a rien à redire, mais cette BD ne peut pas être glissée dans les mains d’un Quatrième et à peine dans celle d’un Seconde. Restent quelques doubles pages qui peuvent être utilisées en classe, comme celle sur les États généraux ou celle sur la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

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Mathieu Henry, pour Les Clionautes©