Jirô TaniguchiIl est né en 1947 à Tottori. Il commence à réaliser des bandes dessinées en 1970., mangaka prolixe, il a à son actif de nombreux opus tels les magnifiques Un zoo en hiver ou Le journal de mon père. Dans une œuvre souvent teintée de nostalgie, Jirô Taniguchi offre à ses lecteurs de superbes tranches de vie du Japon avec une maestria graphique des plus impressionnantes. Jirô Taniguchi a été nommé en 2011 chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres. Il s’est éteint en 2017.
Quartier lointain narre l’histoire d’Hiroshi Nakahara, homme entre deux âges à la limite de l’alcoolisme et père de famille quasi démissionnaire qui, le 9 avril 1998, au lieu de prendre le Shinkansen pour Tokyo au départ de Kyoto, se retrouve à rouler (bien malgré lui) vers Kurayoshi (petite ville de 50000 habitants rattachée à la préfecture de Tottori), sa ville natale.
C’est dans ce même train que le héros de cette aventure a un premier flash, le visage de sa mère disparu il y a près de 23 ans.
Arrivé à Kurayoshi, Hiroshi se rend au cimetière du temple Genzen dans lequel repose sa mère, prie devant son monument funéraire et, après s’être demandé si elle avait eu une vie heureuse, se retrouve propulsé vers le passé, trente-quatre ans en arrière, dans le corps de l’adolescent qu’il était alors. Après avoir songé qu’il s’agissait d’un mauvais rêve, Hiroshi s’aperçoit qu’il va devoir revivre dans ce passé qui n’est plus vraiment le sien…
Nombreux sont les thèmes explorés par Jirô Taniguchi : l’absence du père ou son incompréhension (déjà présent dans Un zoo en hiver ou Le journal de mon père), le bonheur, la famille ou encore le rêve de revivre les possibles d’une existence si l’occasion nous était donnée de revenir en arrière.
Le dessin du mangaka est toujours aussi exceptionnel et on ne peut que rejoindre Jaco Van Dormael lorsqu’il écrit, dans la préface de ce très bel album, que Jirô Taniguchi est « un grand cinéaste armé d’un crayon et de papier ».
Une bande dessinée qui se lit autant qu’elle se contemple.
Grégoire Masson