Le livre, un solide argument juridique pour réprimer les hérésies

En cette fin de XVe siècle, la chasse aux sorcières bat son plein dans le royaume. Les villes et les campagnes sont l’objet d’un contrôle sur les croyances et les rites. Des officiers sont chargés de débusquer les pratiques relatives à la sorcellerie.

Cette fiction suit Etienne, un jeune féru d’écriture et de lecture qui vit dans le petit village alpin de Vernoux, situé à une centaine de kilomètres de la Suisse. Son père désapprouve son goût pour les livres, lui préférant le travail de la terre. Etienne n’est pas le seul adolescent du village. La guérisseuse du village, surnommée « la mère », a une petite fille nommée Reine. Elle espère lui transmettre les recettes permettant de constituer des remèdes à partir de plantes. Les femmes enceintes lui demandent régulièrement de les aider à accoucher ou à avorter. Ses soupes et bouillons permettent de soulager les fièvres et d’aider à la cicatrisation. Les villageois s’appuient donc sur cette médecine parallèle pour se soigner.

Les récoltes s’annoncent mauvaises en cette fin d’année 1470. Les conditions climatiques sont défavorables et les loups font des ravages dans les troupeaux. La famine guette. Les principaux agriculteurs et membres du clergé considèrent qu’il est nécessaire d’agir en organisant des battues et en combattant les « rites magiques » contraire aux prescriptions de l’Eglise. La population est ainsi conviée à assister à la messe dominicale afin de trouver une solution.

En arpentant la forêt à la recherche de plantes médicinales pour sa grand-mère, Reine croise Etienne sous une peau de loup.  Les deux se prennent rapidement d’amitié, ce qui ne plaît pas au père d’Etienne. A la suite d’une dispute avec son père, Etienne décide de partir du village pour rejoindre Genève. Il rêve d’étudier dans ce centre universitaire et religieux. Un marchand, Jehan Levigne, le prend sous son aile sur le chemin et le guide jusqu’à la ville suisse. L’absence d’Etienne à l’office dominical est rapidement remarquée.

A son arrivée dans la ville, le clergé genevois s’inquiète des mouvements hérétiques de par et d’autres de la frontière. La contestation populaire continue de gronder en dépit de l’envoi d’hérétiques sur le bûcher. Sachant lire, le jeune Etienne profite d’une visite dans l’atelier d’imprimerie de la ville pour se faire embaucher comme relecture et ouvrier typographe. La qualité de son travail est remarqué. Mais le secteur de l’imprimerie est aux ordres du pouvoir : l’impression de livres permettant de débusquer les sorcières est en forte augmentation pour faire face aux révoltes dans les campagnes. Sa connaissance des traités religieux et politiques lui vaut d’être chargé d’une mission en 1488 : imprimer le 28e traité de sorcellerie et d’aider les juges à réprimer les pratiques des hérétiques. C’est ainsi qu’Etienne revient dans son village natal : choisira-t-il de sauver Reine d’un procès de l’Inquisition ou d’appliquer les directives reçues à Genève ?

Source : Extrait tiré du livre publié aux Arènes, 2024, page 10

Cette fresque médiévale particulièrement prenante amène le lecteur à s’interroger sur le pouvoir de l’imprimerie et de l’usage qu’il peut en être fait. Une vraie réussite, qui plaira notamment aux élèves de seconde qui étudient le rôle de l’imprimerie en Europe et pour les étudiants en licence d’histoire qui étudient la transition entre le Moyen-Age et l’époque moderne.

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Antoine BARONNET @ Clionautes