A la fois drôle et instructive, cette somme sur l’histoire préhistorique réconciliera plus d’un lecteur avec un objet d’étude qui ne cesse de nous rapprocher de nos plus lointains ancêtres.

Souvent démunis face au manque de repères anthropologiques, aux approximations pérennes ou devant ses abîmes temporels (le livre débute il y a 66 millions d’années), la préhistoire, née au XIXe siècle, est difficile à mettre en récit. Qu’à cela ne tienne, le trio Demoule (l’historien) – Simmat (le scénariste, journaliste) – Landais (le dessinateur) s’en est emparé pour nous offrir cette rafraîchissante « incroyable histoire », nourrie des apports majeurs de la paléogénétique.

Nouveau maillon fort de cette série à la vingtaine de titres déjà parus (L’incroyable histoire des animaux, L’incroyable histoire de la bière, entre autres), ce volume s’avère être très accessible, en dépit des âges, homos et datations parfois vertigineuses inhérentes à cette période fleuve de moins en moins anhistorique.

Balades en millions d’années

Organisé en un prologue (Avant la Préhistoire), huit chapitres (Les humains à quatre pattes, Nos ancêtres les Homo, Sapiens Imperator, La vie d’artiste, Le jardin d’Eden, Néolithique la mère des révolutions, Les guerres des chefs, Au seuil de l’Histoire) et une conclusion signée J-P Demoule, ce livre répond à bon nombre de questions, des plus évidentes au plus subtiles : quand apparaissent les chefs ? Quid de l’empathie ? Il montre surtout le cadre mental et matériel de ces êtres s’échinant à domestiquer peu à peu leur environnement.  jusqu’à Sapiens notre « voisin ». Au bout du compte, depuis Toumaï apparu il y a 7 millions d’années, ne subsiste que l’Homo Sapiens, branche esseulée de ce foisonnement d’homo, qui émerge vers – 300 000 ans avant notre ère.

En éminent spécialiste, J-P Demoule fait fond sur l’archéologie bien sûr, mais également sur la culture ou plus globalement l’anthropologie propre à ces âges, ce dernier trait rendant l’ensemble moins abstrait et l’Homo plus familier. Servie par un dessin au crayonné assez simple mais chaleureux, cette histoire séduira des publics très disparates. Les plus jeunes du primaire pourront picorer des pages ça et là, happés par des schémas, des chronologies habilement mises en images (les cultures du paléolithique p 93), des cartes attractives (la néolithisation du monde, p 116-7 puis de l’Europe, p 128-9), ou des exemples explicitement illustrés (la fonte du cuivre, p 146).

Homme préhistorique, mon frère

A l’évidence, cet ouvrage fera en outre le bonheur des collègues enseignant en sixième et trouvera donc facilement sa place dans les CDI des collèges. Les dix points conclusifs concoctés par J-P Demoule (p191-200) sous la forme de problématiques ou d’axes de recherche – Pourquoi certaines sociétés ne sont-elles jamais « sorties » de la Préhistoire ? – Que peut nous apprendre la Préhistoire en matière de rapports entre les sexes ? – rappellent enfin à quel point les temps sont imbriqués, en dépit d’écarts chronologiques considérables voire aveuglants, et jusqu’à quel point les hommes préhistoriques, c’est nous.

La présentation de l’ouvrage par l’éditeur : ICI

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