Ciel orange, sol craquelé, une vache nous regarde d’un air dubitatif. Telle est la couverture de cette bande dessinée sur l’agriculture et l’alimentation. Une enquête qui pointe les « ravages » de l’agro-industrie mais présente aussi les pistes amorcées par des agriculteurs qui pratiquent une agriculture plus vertueuse sur le plan environnemental.

Un point de vue assumé

L’ouvrage est l’œuvre de trois auteurs parmi lesquels Hugo Clément, journaliste et militant écologiste connu et défenseur du bien-être animal, qui se met en scène dans ce roman graphique sous forme d’enquête. Et enquête il y a, auprès d’agronomes, de paysans, de scientifiques ou de membres d’associations… Nulle cachoterie donc, le point de vue est clair et assumé : les ravages de l’agro-industrie, « obsédée par le rendement et indifférente au vivant » sont considérables. Il faut tourner la page et imaginer une autre agriculture. Le constat défendu par cet auteur est aujourd’hui accepté par la plupart des agronomes et nombre d’’agriculteurs même si le lobby agro-industriel, appuyé par certains élus politiques et les médias du système Bolloré, le refuse.

L’industrialisation de l’agriculture et ses conséquences

Trois axes s’entremêlent dans l’ouvrage. En plusieurs chapitres, les auteurs proposent une histoire de l’agriculture, de ses premiers balbutiements à nos jours en passant par les défrichements du Moyen-Âge et les améliorations apportées au XVIIIème siècle. Avec, à chaque fois, une présentation des outils (puis des machines) utilisés et des principales plantes cultivées. Soit des passages certes rapides mais qui, avec des planches claires, peuvent apporter d’utiles éclairages à des élèves[1]. Le deuxième axe aborde les conséquences de cette industrialisation de l’agriculture. Le recours aux pesticides et aux engrais chimiques entraine : la destruction de la richesse des sols, la perte de la biodiversité, la pollution des eaux, des risques majeurs pour la santé humaine, une alimentation standardisée et de médiocre qualité…

Au-delà du constat cependant, l’intérêt de cette enquête est de montrer que nombre de paysans essaient, malgré des aides insuffisantes, de faire autrement.

« Des initiatives heureuses »

Tout au long de l’ouvrage, les auteurs donnent la parole à des gens qui ne se résignent pas, agissent, à leur échelle, et prennent des initiatives qui vont dans le sens d’une agriculture respectueuse de l’environnement et des consommateurs que nous sommes. Paysans et éleveurs qui ont changé leurs pratiques et sont passés en bio malgré des aides en berne et malgré la concurrence (et l’arnaque) du label « HVE »[2], coopératives engagées, magasins et marchés de plein air qui vendent de tels produits, cantines scolaires qui proposent une restauration locale et bio (et jouent la carte de la loi EGALIM) mais aussi consommateurs qui (quand ils en ont les moyens financiers) soutiennent l’agriculture locale et durable.

 

Une enquête sous forme de bande dessinée qui peut permettre à certains élèves de s’intéresser à l’agriculture et à l’alimentation et leur apporter des connaissances claires sur ces questions.

 

 

[1] Même si nous semble-t-il la partie consacrée à l’élevage aujourd’hui aurait mérité de mieux différencier les pratiques intensives hors-sol des pratiques plus respectueuses de l’environnement, qui tentent aussi de respecter le bien-être animal. Même si la finalité est bien de croquer les dits animaux (comme d’ailleurs le font des loups parfois).

[2] Le label HVE, Haute valeur environnementale, est accordé à des exploitations agricoles dans lesquelles les achats d’intrants ne dépassent pas 30 % du chiffre d’affaires, ce qui est considérable.

https://reporterre.net/Trompeur-le-label-HVE-attaque-par-l-agriculture-bio

ou

https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/05/25/la-certification-agricole-hve-sous-le-feu-d-une-nouvelle-critique_6081444_3244.html